Pour cette 6e expédition dans la langue dé Genevouai, reprenons un bocon d’longeole, histoire d’assouvir une fringale. Bocon, autrement dit petit morceau ou bouchée, semble sorti tout droit de l’héritage linguistique made in Italia. Dans la langue de Michel-Ange, en effet boccone signifie bouchée. Voilà pour la mise en bouche.
Venons-en maintenant à l’un des fleurons genevois: la longeole. Laquelle longeole est plus qu’une saucisse lambda. La préparation peut en effet et légitimement s’enorgueillir d’être enregistrée IGP (Indication Géographique Protégée) auprès des hautes instances. En clair, pas touche à l’appellation pour qui s’aviserait à titiller le patrimoine genevois. Soit. Mais qui a inventé ce plat conçu à base de viande de porc? La tradition orale parle d’un certain moine officiant dans l’Abbaye de Pomier, située dans la petite comme française de Présilly (à un jet de pierres du canton). De toute évidence, le père Longeot ne manquait ni d’imagination ni de savoir-faire. Particulièrement inspiré, l’homme de foi eut l’idée ce jour-là d'ajouter du fenouil et des couennes à sa farce. Et c’est ainsi que naquit la longeole. D’abord discrète sur la scène gastronomique, elle a conquis peu à peu les assiettes des Genevois avant de se hisser, à la fin du XIXe siècle, en tête de gondole des produits du terroir.
«Gen’voiseries», des mots en scène, d’Yves Schaefer, éditions Cabédita, 2023. Dans la même collection et du même auteur: «Vaudoiseries» (2019), «Valaisanneries» (2021) et «Fribourgeoiseries» (2022).