En 2010, au cœur de Khartoum, la capitale d’un Soudan agité par les votations à venir autour de l’indépendance du Soudan du Sud à majorité chrétienne, Mona, une riche musulmane du Nord prend sous son aile Julia, une pauvre chrétienne du Sud, démunie après la mort de son mari. Pas d’altruisme dans ce geste de sollicitude, mais le poids lourd d’une culpabilité dévorante, puisque la première est responsable de la mort du mari de la seconde, dans une succession d’événements où le poids des conventions religieuses et celui de la lâcheté vont la précipiter vers le drame. Le cinéma soudanais est rare et ce film est d’autant plus remarquable qu’il est impeccablement maîtrisé par un réalisateur qui se révèle: Mohamed Kordofani. Tout à la fois portrait magnifique de deux femmes, huis clos et jeu d’ombres empreint de suspense, et réflexion nécessaire sur le racisme endémique et le patriarcat religieux qui rongent les pays d’Afrique.