«Bienvenue, vous êtes tous là pour la formation? Oh wow! Tellement cool!» s’exclame un des membres d’Extinction Rebellion devant la douzaine de futures recrues, réunies samedi 25 mars au matin à l’Almacén, un local géré par l’Association pour des lieux de rencontre et de culture aux Grottes (ALRC). L’appel a été diffusé par le biais d’affiches placardés en ville. Pour rappel, à Genève, le mouvement écologiste de désobéissance civile non-violente s’est illustré en février en déversant des déchets sur l’horloge fleurie. (voir photo en Une) et en peignant le prolongement de la piste cyclable à l’avenue de Pailly à Vernier.
Ce week-end est, lui, consacré à la formation. Sourire aux lèvres et croissants à la main, on fait connaissance. Certains viennent pour la première fois, d’autres ont déjà participé à des actions, militants de longue date ou pas. Le groupe est très hétérogène, tous âges et styles vestimentaires confondus. Actions, réchauffement climatique et cause écologiste sont au cœur de toutes les discussions.
«Voici un bout de scotch, vous pouvez mettre votre nom ou pseudo et le coller sur votre pull», lance un organisateur. Les recrues sont conviées dans la salle située à l’arrière pour le début de la formation. Assises en cercle, elles sont invitées à se présenter en donnant leur nom, pronom et besoin particulier s’il y en a. «Moi c’est Sofiane*. Pronom: il ou elle. Mon besoin particulier c’est de bien me regarder car je lis en partie sur vos lèvres», indique un formateur, pour donner l’exemple. Il est aussitôt imité par le reste de l’assemblée.
Babas cools mais bien organisés
Dans une ambiance chaleureuse et bon enfant, les formateurs annoncent le cadre dans lequel ils souhaitent voir s’inscrire la formation: bienveillance, respect et confidentialité. «Ici toutes les opinions sont respectées et chacun est totalement libre de ses choix», poursuit Sofiane. Lorsqu’une personne parle, personne ne l’interrompt. Un système de signes de la main permet de signifier son accord ou désaccord, demander une clarification ou de prendre la parole. Autre précision: ici, on ne parle pas de sa vie en dehors du mouvement.
Malgré leurs allures de hippies et leur jeune âge, entre 20 et 30 ans, les membres du mouvement n’ont rien d’amateurs. Et ils s’avèrent entourés d’experts qui les conseillent. «La police ne connaît pas toujours bien son travail, donc on va devoir apprendre nos droits et devoirs face à eux», avertit Stan*, un autre formateur, avant de laisser la place à un exposé très juridique agrémenté de nombreux exemples de réactions à adopter face aux policiers, lors d’arrestations ou de gardes à vue.
«On se réunit, on s’organise et on agit. On prend l’espace médiatique. Nos actions sont toujours non-violentes, mais, on va jouer sur la corde sensible pour mettre la justice et les politiques au pied du mur et créer le débat», explique Stan.
Après la théorie, place aux ateliers. Les participants s’adonnent à différents exercices et jeux de rôles. Objectif: favoriser la cohésion de groupe, travailler sur la création de débat, la désescalade ou encore la prise de décisions en groupe. A l’issue du week-end, les recrues se voient proposer d’indiquer leurs e-mails afin de recevoir des précisions par écrit et signaler par la suite s’ils souhaitent rejoindre les rangs de l’organisation. * Prénoms d’emprunt