La piétonnisation de la Vieille-Ville est en marche

  • La place du Bourg de Four  n’est pas épargnée par le trafic. MP

    La place du Bourg de Four n’est pas épargnée par le trafic. MP

MOBILITÉ • Des voitures garées au pied de la cathédrale, d'autres qui remontent à vive allure la Grand-Rue tandis que des automobilistes font demi-tour devant les marches du palais de justice… De quoi agacer certains habitants de la Vieille-Ville comme Michaël Flaks. «C'est inadmissible! Malgré l'interdiction, ce n'est pas une place, c'est un véritable rond-point!» lance-t-il, montrant du doigt les voitures qui montent rue de la Fontaine avant de redescendre rue Verdaine. «Sans compter ceux qui se parquent à deux pas du poste de police, dans une certaine indifférence des agents.» L'hypercentre, bien que situé en zone 1 (favorisant les piétons) selon la loi, n'est pas épargné par le trafic automobile. Il suffit de passer quelques minutes place du Bourg de Four pour s'en rendre compte…

Attablées en terrasse, deux commerçantes de la Vieille-Ville, Zoé* et Juliette* partagent la grogne de Michaël Flaks. «Depuis le temps qu'ils auraient dû piétonniser… Au lieu de cela, on est toujours dans un entre-deux», s'exclame la première. «Dans toutes les villes du monde, quand tu as la volonté d'arrêter les voitures, en contrepartie, il y a des aménagements pour les piétons, renchérit la seconde. De quoi leur donner envie de se promener. C'est aussi comme cela que l'on défend les commerces locaux.»

Qui plus est, la présence de la voiture en Vieille-Ville n'est pas sans danger. Comme le fait remarquer le conseiller municipal indépendant, Yves Herren: «Actuellement les rues ne sont malheureusement pas organisées de sorte à mettre tout le monde en sécurité tout en garantissant une harmonie entre les différents usages.»

Les bornes devraient pourtant jouer le rôle de régulateur. «Il suffit de s'avancer pour qu'elles s'abaissent. Je ne savais même pas qu'il y avait des restrictions de circulation», lâche étonnée Tania*, qui travaille dans l'un des restaurants du coin. Aux yeux de Juliette, la solution est pourtant simple: «Il suffirait que les livreurs et les personnes âgées disposent d'un bip leur permettant d'abaisser les bornes!» Zoé est d'accord, «à condition qu'il y ait des parkings à proximité. Et à des prix abordables.»

Autre option avancée par nos différents interlocuteurs: le pavage des rues. Avec des pavés et des joints lisses, histoire d'éviter les chutes.

Reste les irréductibles tel que Sam*, serveur. «Je marche assez pendant le service! Hors de question qu'en plus je sois obligé de grimper en Vieille-Ville à pied pour aller travailler.»

Autant d'arguments qui pourront s'exprimer lors de deux réunions publiques le 24 avril et le 2 mai, consacrées au «projet de piétonnisation de la Vieille-Ville». Interrogée sur ce fameux «projet», la conseillère administrative chargée de l'Aménagement et de la Mobilité, Frédérique Perler explique qu'il «ne s’agit pas d’une révolution mais de mieux faire appliquer le modèle de trafic restreint déjà en place. Ce dernier étant malheureusement peu respecté, comme l’ont montré les diverses études menées en 2022.» Et d'ajouter: «Alors que presque toutes les villes d’Europe ont réussi à apaiser et mettre en valeur leurs quartiers anciens, j’estime qu’il en va de l’image de notre cité qu’elle parvienne à en faire autant.» 

*noms connus de la rédaction