Il y a neuf mois, l’association tipiti accueillait trois familles fuyant la guerre, qui a éclaté il y a un an. Une trentaine d’Ukrainiens ainsi hébergés à Gilly, près de Rolle. Parmi eux, Svitlana, 54 ans, ses deux enfants biologiques, sa petite-fille, dont les parents sont restés en Ukraine, et ses quatre enfants adoptifs. Interview.
GHI: Comment s’est passée votre arrivée en Suisse? Svitlana: Tipiti nous a réservé un accueil incroyable! Nos trois encadrantes, d’une gentillesse extraordinaire, nous ont réellement accompagnés main dans la main dans toutes nos démarches. Elles s’occupent des inscriptions des enfants à l’école, organisent nos cours de français, nos rendez-vous médicaux et divers, nous y accompagnent pour traduire. Ce sont vraiment des femmes en or!
– Comment se sont déroulés vos premiers jours ici? On nous a amenés plusieurs fois dans un supermarché en nous disant de prendre tout ce qu’on voulait sans regarder les prix. Mes enfants, qui venaient de passer trois mois dans la cave pour se cacher des bombes se sont rués sur les friandises, un vrai jour de fête! L’association nous a aussi acheté des vêtements. A huit dans la voiture, nous n’avions pas pu emporter grand-chose. Je suis croyante, et tous les jours je remercie Dieu pour tout cela.
– Vos enfants n’ont été scolarisés que fin août. Comment s’est passé leur été? Là encore, tipiti a organisé des vacances formidables pour les enfants. Entre les différentes visites, comme celle d’une fabrique de chocolat ou d’un château, des croisières sur le lac, des cours d’escalade ou de bricolage, nous avions des activités quasiment tous les jours. Même si cela n’efface pas le traumatisme de la guerre, les enfants ont au moins eu l’esprit occupé.
– Vos enfants parviennent-ils à surmonter le traumatisme? Non, je ne dirais pas que c’est le cas, mais ils commencent doucement à aller mieux. Ils pleurent moins. Avec l’aide et la patience de nos éducatrices, j’ai enfin réussi à faire entendre raison à mon aîné, Bogdan, 18 ans, qui brûlait de rentrer en Ukraine. Aujourd’hui, les enfants sont tous très contents de leurs écoles, même si l’apprentissage du français est compliqué et suscite parfois quelques larmes.
– Que pensez-vous de votre pays d’accueil? En plus du calme qui règne en Suisse, j’aime tout particulièrement la manière d’être des habitants. Par exemple, quand mon cadet, Yegor, 8 ans, a dû être opéré, non seulement tous les médecins ont eu une approche ludique et rassurante. Un clown est même venu pour lui faire oublier l’opération! Et les médecins ne se sont pas tous jetés sur moi pour me demander un dessous-de-table, comme c’était le cas chez nous.