Le chantier des fouilles de Saint-Antoine fait tache

GROGNE • Depuis des années les travaux du futur site archéologique péjorent l’image de la Vieille-Ville, provoquant la colère des riverains.

  • Les riverains du chantier devront s’armer de patience. MP

    Les riverains du chantier devront s’armer de patience. MP

ARCHÉOLOGIE . En longeant les palissades pour rejoindre son domicile en Vieille-Ville, Michel tire une mine déconfite. L’objet de son courroux, voire de son désarroi: le chantier des fouilles archéologiques de Saint-Antoine. «C’est décourageant, lâche cet habitant. Cela fait des années que ce lieu idyllique est transformé en ruclon, sans compter ces barrières moches! De quoi péjorer l’environnement convivial de notre Vieille-Ville.»

Un avis que partage le conseiller municipal indépendant Yves Herren. D’où sa question orale lors de la plénière du Conseil municipal du 7 février. Relevant à son tour l’état déplorable du site, il demande quel est le stade d’avancement du projet. Il ajoute: «Les abords du site des fouilles ressemblent plutôt à une décharge ou un chantier abandonné, des aménagements particuliers sont-ils prévus pour valoriser les abords en attendant l’ouverture?»

Vestiges du Ier siècle après J.-C.

Pour rappel, les fouilles de Saint-Antoine ont commencé en 2012. Et ont révélé des vestiges inédits, comprenant des éléments de fortifications, des tombes ou encore une villa gallo-romaine, remontant au Ier siècle après J-C. Le projet, d’un montant de 14,6 millions de francs, consiste à valoriser ce patrimoine en créant trois lanterneaux. «Ces puits de lumière donneront un aperçu de ce qui se cache sous nos pieds», comme nous l’expliquait l’archéologue cantonal Nathan Badoud («Levons le voile sur le futur musée de Saint-Antoine»–GHI du 27 janvier 2022). Côté fouilles, la grande majorité a été faite entre 2012 et 2015.

Interrogé par nos soins sur l’avancée du chantier, le Département de l’aménagement, des constructions et de la mobilité (DACM) précise toutefois que «le site Saint-Antoine fait actuellement l’objet de fouilles archéologiques complémentaires menées par le Service cantonal d’archéologie».

Livraison en 2025

Quant au chantier lui-même, il devrait débuter d’ici début juin. «La première étape sera la réalisation des travaux de confortement pour permettre d’intervenir sur ce site hautement sensible.» La livraison du bâtiment est toujours prévue en 2025.

Concernant la répartition des coûts de fonctionnement du futur site, les discussions sont en cours entre les services de la Ville et de l’Etat (Office du patrimoine et des sites). Dans le but de définir le concept d’exploitation. «Plusieurs scénarios sont actuellement à l’étude et feront l’objet d’un arbitrage politique dans les prochaines semaines», poursuit le DACM.

A propos de l’état actuel du site, le Département explique que «suite aux intempéries et à des incivilités, les bâches recouvrant les palissades du chantier ont subi des dégâts» et qu’elles seront très prochainement remplacées. Le temps des travaux, une enceinte de chantier sera mise en place.

Pas sûr que cela suffise à calmer la grogne de Michel...