Afterworks pour riches expats dans un restaurant de la Ville

POLÉMIQUE • Réservées entre 300 et 700 francs, les tables des afterworks de la Potinière rapportent mais mettent en rogne de nombreux usagers. La Ville de Genève, de son côté, se contente d’imposer quelques règles de base.

  • Les afterworks de luxe dans des locaux avec bail tarifaire commercial de la Ville de Genève choquent de nombreux internautes genevois. DR

    Les afterworks de luxe dans des locaux avec bail tarifaire commercial de la Ville de Genève choquent de nombreux internautes genevois. DR

«Sept cents francs pour une table à la Potinière, c’est du foutage de gueule!» Comme de nombreux autres Genevois habitués de l’établissement du Jardin anglais, Valérie est consternée par les nouveaux tarifs pratiqués dans ce lieu appartenant à la Ville de Genève. Cette dernière a loué le site à la société Most Wanted, qui y organise des afterworks chics, depuis le 30 avril dernier. Au menu de ces soirées, qui attirent avant tout la communauté expatriée: apéros et tapas, agrémentés de musique. Le tout dans une ambiance des plus pailletées.

Organisateurs ambitieux

Derrière la société Most Wanted: un trio de jeunes Parisiens motivés. Organisateurs d’événements à Genève depuis novembre 2013, ils assurent respecter les règles imposées par la Ville de Genève concernant l’utilisation de la Potinière. «Nous avons contacté directement la direction de l’endroit, nous leur avons présenté notre organisation et notre concept et ils ont accepté que nous fassions notre soirée chez eux. D’ailleurs, nous nous sommes entendus ensemble pour trois dates avant le début des Fêtes de Genève.» Et de préciser: «Notre volonté n’est pas de cibler les expats, puisque nous rédigeons les invitations en français et en anglais. Nous voulons simplement compléter l’offre locale des événements, en manque de nouveautés.»

Ville de mèche

Propriétaire du restaurant, la Ville de Genève parle de son côté d’un non-débat. «La Ville impose diverses contraintes à l’établissement en termes de prix (plats du jour, café) et de qualité des produits. Cela n’empêche pas l’exploitant d’organiser des soirées spéciales, pour lesquelles les prix indiqués pour les tables restent acceptables puisqu’ils incluent des groupes de plusieurs personnes qui mangent, boivent et écoutent de la musique en live», souligne Sylvie Bietenhader, directrice de la GIM (Gérance immobilière municipale) qui gère le parc immobilier de la Ville de Genève. «De manière générale, les exploitants ont relancé la vie de ces locaux restés trop longtemps vides. Sans oublier que la Ville touche 7,5% de leur chiffre d’affaires», rappelle-t-elle. Reste à savoir si les Genevois profitent de ce renouveau? «Sans le moindre doute», répondent de concert Most Wanted et Sylvie Bietenhader. «A ce prix-là, pas du tout», rétorquent de leur côté de nombreux internautes.