La Garçonnière change de proprio... mais pas son style

NUITS GENEVOISES • Le célèbre cabaret de transformistes de la Rôtisserie vient d’être repris par Pierre Roset, un Français de 49 ans. Nouvelles nuits de folie au programme.

  • Pierre Roset ne manque pas de projets pour continuer à faire vivre le cabaret. CHRISTIAN BONZON

    Pierre Roset ne manque pas de projets pour continuer à faire vivre le cabaret. CHRISTIAN BONZON

    On a failli perdre la Garçonnière. La mythique boîte de nuit, célèbre notamment pour ses spectacles transformistes, vient de changer de propriétaire. Pierre Roset, un Français de 49 ans, entend suivre la ligne de ses prédécesseurs. Ouf. Car on a risqué de la voir transformée en discothèque pour une clientèle moyen-orientale.

    Pierre Roset confirme. Il sait qu’avant lui, d’autres ont voulu acquérir le lieu. Originaire de Saint-Julien-en-Genevois, le Français a repris la Garçonnière le 15 janvier à Antoine Macheda, figure bien connue des nuits genevoises. «Antoine est un ami de vingt-cinq ans, explique Pierre Roset. Un jour, il m’a confié vouloir remettre l’affaire. Et voilà!» Prix de la transaction? Mystère. Plusieurs sources évoquent toutefois plus d’un million de francs.

    Onze collaborateurs

    Pierre Roset n’est pas, à proprement parler, un homme de la nuit même s’il a possédé, pendant dix-sept ans, un pub à Valleiry, en France voisine. «Je fermais à 3 heures du matin. Maintenant, avec la Garçonnière, je vais me coucher un peu plus tard», sourit-il. Tous les soirs, au minimum une heure avant l’ouverture de 23h, l’homme est là pour les préparatifs de salle, la gestion du stock. Il possède la patente de cafetier et emploie onze collaborateurs sans parler des artistes.

    Tarifs revus à la baisse

    Le Français a débuté sa carrière comme épicier. Autant dire que les comptes, il connaît. A la Garçonnière, il a pourtant baissé les tarifs. Parce que la clientèle dépense moins, en général. «En gros, c’est dix pour cent moins cher qu’auparavant», précise-t-il. Et qu’en est-il du nombre de shows? Est-il aussi revu à la baisse? «Heureusement pas. On retrouve, chaque soir, trois spectacles différents, notamment avec Joy, la célèbre meneuse de revue qui emmène son public dans le monde du charme, de la magie et du burlesque.»

    Casting pour M6

    Le nouveau propriétaire des lieux entend aussi organiser des soirées à thèmes comme des soirées blanches, fluos et des dîners-spectacles. Le 14 mars prochain, c’est carrément l’émission de M6 La France a un incroyable talent qui s’arrêtera à la Garçonnière pour un casting. «Ce sont les producteurs qui m’ont contacté», explique Pierre Roset. Il est 23 heures à la Garçonnière, les premiers clients débarquent. Ils ont entre 30 et 50 ans et viennent s’encanailler dans ce haut lieu des nuits genevoises dont le nom va continuer à faire des étincelles.

    www.lagarconniere.ch

    Joseph Gorgoni: "J'y ai pensé des nuits entières"

    La Garçonnière, c’est un peu comme le Jet d’eau à Genève. Comme si l’endroit avait toujours existé. Ouvert en 1975 – l’établissement se trouvait alors place Bémont en Vieille-Ville – le cabaret transformiste appartenait à l’époque à Alain Bouvard, ancien maire de Plan-les-Ouates. Il a fait les chaudes nuits de la cité de Calvin avec Lou Scarol. Thierry Le Luron et Charles Trenet y ont poussé la chansonnette. Joseph Gorgoni – qui n’était pas encore Marie-Thérèse Porchet – y a fait ses premiers pas. «J’y passais des nuits entières. C’était un lieu de fête, l’endroit où il fallait être, se souvient-il. Un peu comme le Griffin’s mais en plus interlope, scandaleux.»

    Sur la scène de l’ancienne Garçonnière, Joseph Gorgoni a surtout participé à des concours et chanté en direct, sur des airs de Nina Hagen ou de Klaus Naomi. Un succès! Mais les années ont passé. Et les spectacles de travestis, comme on disait à l’époque, sont devenus ringards. En 1997, la Garçonnière de la place Bémont ferme ses portes. Elle renaîtra en 2008 à la Rôtisserie, dans les locaux d’une boîte gay, propriété d’Antoine Macheda. Depuis, les spectacles transformistes sont redevenus à la mode.