Les maisons d’édition dans la tourmente

Salons littéraires annulés, librairies fermées, parutions reportées, les maisons d’édition genevoises subissent une crise économique sans précédent. Certaines limitent la casse en misant sur la vente en ligne.

  • Le confinement invite à la lecture, mais les ventes de livres sont en chute libre. UNSPLASH

    Le confinement invite à la lecture, mais les ventes de livres sont en chute libre. UNSPLASH

Depuis le début de la pandémie de coronavirus, les maisons d’édition vivent un terrible paradoxe. D’un côté, le confinement invite à la lecture. De l’autre, les ventes de livres sont en chute libre. La faute à la fermeture des librairies et à l’annulation des divers salons littéraires.

Chômage technique

Pour Caroline Coutau, directrice des Editions Zoé, la chute est brutale: «La situation est grave. Nous avons perdu 90% de notre chiffre d’affaires depuis le début de la crise. Notre personnel a été mis au chômage technique et les sorties de livres ont été gelées en attendant cet automne. Le rébus proposé par la Confédération nous semble insoluble. Si on contracte un prêt, on ne fait que reporter le problème car il nous sera impossible de le rembourser plus tard. Mon seul souhait est que l’Office fédéral de la culture intègre les librairies et les maisons d’édition dans leur programme d’aides.»

Diversification salvatrice

Une proposition qui ne convainc pas vraiment Ivan Slatkine, directeur des éditions éponymes: «Beaucoup d’éditeurs sont subventionnés de manière structurelle, l’Etat les aide déjà en fait. Pour ma part, nous ne bénéficions pas de ces subventions, donc évidemment que la situation économique actuelle nous impacte d’autant plus. Cette crise nous montre que le livre est un métier de commerce. La première chose à faire quand on est éditeur, c’est vendre.» Avant de préciser: «Chez Slatkine, nous avons dû mettre notre personnel en RHT [réduction de l’horaire de travail], afin de limiter la casse et contracter un prêt sans intérêt remboursable en sept ans. Aujourd’hui, je suis le seul à faire tourner la société, je n’ai jamais autant travaillé qu’en ce moment. Ma chance est de m’être diversifié en étant éditeur, distributeur et diffuseur.»

Doper la vente sur Internet

Pour surmonter cette crise, certaines maisons d’édition misent sur le seul canal disponible: Internet. Ivan Slatkine en fait partie: «J’ai mené de nombreuses actions pour doper la vente de livres en ligne. Sur les réseaux sociaux notamment, mais aussi sur notre site. Avec la réouverture espérée des librairies le 11 mai prochain, on a l’espoir de voir notre chiffre d’affaires redémarrer. L’autre enjeu, c’est la réouverture des librairies en France, nous y réalisons 50% de notre chiffre d’affaires.»

Au sein des Editions Zoé, c’est l’expectative qui domine: «Le e-commerce ne correspond pas à notre vision de l’édition, conclut Caroline Coutau. Nous espérons simplement que tout reparte, si possible dans un délai relativement court.»