Nouveau coup de patine sur la paroi du Salève

Les étranges taches sombres visibles sur les flancs de la montagne des Genevois sont issues d’un procédé destiné à limiter l’impact visuel des carrières. Explications.

  • Une des deux taches vue du golf de Bossey, en France voisine. Peu à peu la teinte noire s’estompera pour laisser place à une couleur plus naturelle. FRANCIS HALLER

    Une des deux taches vue du golf de Bossey, en France voisine. Peu à peu la teinte noire s’estompera pour laisser place à une couleur plus naturelle. FRANCIS HALLER

  • FRANCIS HALLER

En admirant le Salève, vous avez sans doute remarqué deux étranges taches sombres sur son flanc. La première est apparue début avril. «Elle a déjà commencé à se fondre dans la couleur naturelle de la roche», indique Bernard Chavaz, cogérant de la SARL Carrières du Salève, qui, comme son nom l’indique, exploite les carrières. Quant à la seconde, le chantier entamé en avril s’est achevé mercredi 22 juillet.

Toilettage annuel

But de l’opération: «Réduire l’impact visuel de la carrière.» Comment? Grâce au dépôt d’une patine à base de compost végétal, la roche mise à nu par l’exploitation paraît plus vieille. «Le procédé Naturoc nous permet de gagner une trentaine d’années sur le processus de vieillissement naturel», souligne Bernard Chavaz.

Chaque année ou presque, le Salève bénéficie de ce traitement, via la société Millet. «Les premiers essais ont débuté dans les années 1990», précise Bernard Chavaz. Au fil des décennies, le procédé a été affiné. «Par exemple, aujourd’hui, on applique une teinte plus foncée car on a remarqué que durant les six premiers mois, on perd deux à trois tons», poursuit-il. D’où l’aspect noir actuel qui va donc s’estomper dans les mois à venir pour laisser place à une couleur plus naturelle.

Eboulement en 2017

A noter que la partie haute teintée en avril avait été mise à nu non pas suite à l’exploitation du calcaire mais en raison de l’éboulement survenu le 11 novembre 2017. Le même procédé a été appliqué: «Non sans mal car la zone était hors d’atteinte pour la machine, il a fallu envoyer du personnel encordé et héliporter du matériel», raconte Bernard Chavaz.

«Le site ne peut plus s’étendre»

L’exploitation des carrières est cantonnée à son périmètre actuel et est vouée un jour à s’éteindre. «Le site ne peut plus s’étendre», confirme Bernard Chavaz, cogérant de la SARL Carrières du Salève. Limitée d’un côté par le golf de Bossey (France voisine) et de l’autre par un arrêté de biotope, la zone d’exploitation ne peut pas non plus se prolonger vers le haut pour des questions techniques et d’accès, ni vers le bas où court l’autoroute pour des raisons géologiques. «L’autorisation actuelle a débuté en 2003 pour une durée de trente ans, souligne Bernard Chavaz. Nous avons affiné le processus d’exploitation pour répondre au mieux aux besoins et du fait, entre autres, de la démocratisation du recyclage, nous devrions pouvoir demander une extension de l’autorisation.»

Le programme de réhabilitation, déjà bien avancé, reste, lui, inchangé. Aujourd’hui, la carrière produit 500’000 tonnes de gravats par an. Le tout étant livré dans un périmètre moyen de 13 km. Il faut 30’000 tonnes pour faire un kilomètre d’autoroute et 500 tonnes pour une maison.