Poules aux œufs d'or au Grütli

THÉÂTRE • Utiliser des animaux sur scène coûte de plus en plus cher. Les organisateurs doivent payer une taxe à leurs yeux exorbitant au Service du vétérinaire cantonal.

Le savez-vous? Les animaux qui montent sur les planches de théâtre reçoivent un cachet! Plus exactement, le Service du vétérinaire cantonal encaisse une taxe basée sur la loi sur la protection des animaux. Et le prix demandé devient de plus en plus exorbitant…

Poules de luxe

La pièce Mein Kampf (Farce) de Frédéric Polier, jouée au Théâtre du Grütli jusqu'au 23 décembre, en est l'illustration. Les organisateurs ont en effet dû débourser 300 francs pour pouvoir mettre en scène deux poules! Prêtées par la Ferme de Penet à Russin, les gallinacés ont été installés dans un poulailler de luxe. «Le prix pour mettre sur scène des poules est passé du simple au double, relève l'administratrice Camille de l'Atelier Sphinx. Il y a cinq ans, on nous demandait 60 francs pour deux poules… A cela vient s'ajouter le poulailler, l'entretien et la nourriture.»

Taxe d'autorisation

Mais pourquoi faut-il payer pour la présence d'animaux sur scène? Les animaux de la ferme jouent vingt minutes sur scène. On les voit se dandiner sur les planches, picorer et même faire cot-cot à chaque applaudissement. «Toutes les exhibitions, les expositions, présentations et défilés d'animaux exigent une autorisation du Service de la consommation et des affaires vétérinaires (SCAV), explique Luc-Denis Magnenat, vétérinaire officiel à la Direction générale de la santé. Il s'agit en fait d'une taxe d'autorisation fixée par le Département des affaires régionales, de l'économie et de la santé.»

Cent balles par animal

Luc-Denis Magnenat précise que l'émolument est fixé à 100 francs par animal: «Ce montant peut être majoré si la demande parvient moins de trois semaines avant le début de la manifestation. Le prix sera aussi plus élevé si le dossier est incomplet, peu précis ou pose des problèmes de protection des animaux, de sécurité publique ou de santé.»

L'Etat veille ainsi au grain

Tous les animaux peuvent-ils jouer sur scène? «Il n'y a ni liste positive ni négative, poursuit Luc-Denis Magnenat. Tout dépend de l'adéquation entre les facteurs de stress et de risque d'atteinte au bien-être et à la dignité des animaux. La question de la sécurité publique et celle des animaux sont aussi déterminantes.»En fait les exigences requises sont identiques à celles pour les animaux de cirque. Il faut connaître l'origine de l'animal. Il faut aussi que les conditions de détentions et sanitaires sur place soient conformes à la loi et que les animaux supportent le stress. Et le vétérinaire officiel de conclure: «Il est aussi indispensable que la sécurité soit assurée pour le public. Je me souviens de demandes d'autorisations insolites, comme notamment pour une panthère noire ou un alligator!»

Mein Kampf (Farce) de Georges Tabori au Théâtre du Grütli. Du 4 au 23 décembre, mardi, jeudi et samedi 19h, mercredi et vendredi 20h, dimanche 18h. 022 888.44.88, www.grutili.ch