«Remettez du porc dans l’assiette de nos gosses!»

RESTAURANTS SCOLAIRES • Environ 1500 élèves des quartiers de Saint-Jean, Charmilles, Vieusseux et Liotard sont privés de porc. Emoi des politiques.

  • «Remettez du porc dans l’assiette de nos gosses!»

    «Remettez du porc dans l’assiette de nos gosses!»

«Il n’est pas normal d’empêcher des enfants de manger du porc dans dix cantines de la Ville de Genève!» Jean-Philippe Haas, conseiller municipal MCG a déposé, la semaine dernière, une motion demandant la réintroduction des menus contenant du porc. Une question qui sera débattue en urgence en séance plénière du Municipal, courant mars.

Fini le porc

La plus grande association genevoise de restaurants scolaires ne propose, en effet, plus de porc à près de 1500 élèves des quartiers de Saint-Jean, Charmilles, Vieusseux et Liotard, depuis cinq ans. Des raisons logistiques sont avancées: l’équipement des cuisines ne permet pas de préparer deux menus différents. Or, dans certains restaurants, jusqu’à 40% des élèves ne mangent pas de porc. L’association a donc choisi de renoncer aux repas qui pénalisent le moins d’enfants possible.

Raisons religieuses?

Derrière cette suppression, le groupe municipal MCG veut voir également des raisons religieuses. «Supprimer le porc, élément culturel de notre identité, est discriminatoire à l’encontre de nos populations autochtones et contrevient à la laïcité de l’école», argumente la motion.

Manque de moyens

«Notre association sert du porc et du sans porc, mais ce n’est pas le cas partout à cause des infrastructures obsolètes, rétorque Sue Putallaz, présidente de l’association des restaurants scolaires Malagnou-Florissant. Il ne s’agit ni d’une position idéologique, ni philosophique, ni religieuse. Certaines cuisines n’ont juste plus le choix! Depuis de nombreuses années, nous faisons face à une augmentation exponentielle d’enfants inscrits et des cuisines qui, elles, n’ont pas été adaptées pour faire face à cette croissance. Dans ces conditions, préparer deux menus différents pour 1500 repas en 20 services avec des réfectoires bondés devient périlleux. Donc, les chefs font au plus simple. On ne gère pas des milliers de repas avec des dogmes, mais avec du pragmatisme. Il faut pouvoir les produire et les régénérer dans de bonnes conditions et non pas, contrairement à ce qu’on pense, réchauffer au micro-ondes, sans quoi la viande sèche. Et c’est là tout le problème! Des cuisines étriquées, un manque de régénérateurs, des réfectoires bondés. Voilà la réalité qu’il faut corriger!»

Elle annonce que plusieurs demandes ont été faites auprès des services d’Esther Alder, la cheffe du département municipal qui chapeaute les cuisines scolaires du canton, pour la modernisation des cuisines et l’achat rapide de régénérateurs à certaines cuisines qui ne répondent plus aux normes. Les conseillers municipaux seraient inspirés de s’atteler aux véritables problèmes (les infrastructures) avant que l’on en vienne à ne plus pouvoir accueillir des enfants pour manque de place et de production aux normes sanitaires, conclut Sue Putallaz.