Stations-service: épicerie au placard le dimanche

COMMERCE • Deux stations Shell, qui font épiceries, refusent de vendre certains produits à leurs clients le dimanche. En cause? Un amendement cantonal.

  • Législation oblige, plus de lasagnes le dimanche!

    Législation oblige, plus de lasagnes le dimanche!

Peut-on encore acheter les produits de son choix le dimanche dans les shops des stations-service à Genève? Dans deux stations Shell, plus vraiment. Un client s'est vu refuser ses röstis préférés à la rue Michel-Servet, à Champel. Ils étaient pourtant en stock cachés sous un drap. Même constat au Migrolino Shell de La Gradelle, où une dame a dû troquer sa plaque de Floralp, contre du beurre de cuisine. José, lui, voulait des lasagnes. «Impossible! Ils m'ont aiguillé vers les pizzas.»

Ordonnance cantonale

Dans ces deux shops, un panneau avertit d'ailleurs le chaland: «Les articles de ces rayons ne sont pas autorisés à la vente les dimanches et jours fériés par ordonnance cantonale (RHOM art.2)». Pour quelle raison? Dans ces deux stations, appartenant au même gérant, le personnel tient le discours suivant à ses clients. Seules les denrées de première nécessité sont, désormais, disponibles le dimanche. Du moins, dans les stations-service ne se trouvant pas sur de grands axes routiers. Cette ordonnance ne toucherait donc pas les shops des stations-service situées à proximité de la frontière.

Pas l'ombre d'une bâche

L'explication n'est, a priori, guère convaincante. Car dans les autres stations visitées dimanche matin, une dizaine au total, il n'y avait pas l'ombre d'une bâche. Même le personnel tombait des nues en apprenant la nouvelle! Chez Avia, à Carouge, le patron osait une explication. «Tout patron ou gérant d'une station-service, faisant épicerie, se doit d'être présent le dimanche sur son lieu de travail, pour soulager le personnel. Si ce n'est pas le cas, il ne peut servir, en théorie, que de l'essence…» Même son de cloche chez Tamoil, à la rue Dancet. «Le responsable se doit de travailler ce jour-là, c'est une obligation légale.» S'il passe outre, s'expose-t-il à des sanctions? Peut-être. Un autre gérant, celui de Migrolino Balexert affirme, lui, que Genève n‘est absolument pas touchée: «Cette ordonnance n'a aucune importance. A Genève, aucune station ne suit cette directive. On fait beaucoup de bruit pour rien!»

Première nécessité

En attendant… dans ces deux stations Shell, on ne vend plus que des produits de première nécessité le dimanche. La viande et les légumes sont, désormais, interdits à la vente. Idem pour l'huile et le vinaigre. Le choix des plats cuisinés a, pour sa part, été réduit de moitié. Au même titre d'ailleurs que les produits lactés - yoghourts, fromages - les marques de corn-flakes ou encore de chocolat en poudre. Tous sont cachés sous une bâche. Snifff…

Faites vos courses en semaine!

JFt/MM • Alors info ou intox? Certaines stations-service sont-elles soumises, oui ou non, à cette directive? Et pourquoi? Selon la Chambre de Commerce (CCIG), d'industrie et des services de Genève, les explications résident dans la loi sur le travail: «Les magasins des stations-service situés sur les autoroutes et les grands axes à forte fréquentation touristique ont la possibilité d'occuper des travailleurs le dimanche et la nuit», souligne Eric Biesel, membre de la direction de la CCIG. En clair, les stations de La Gradelle et de Champel, situées dans des régions peu fréquentées, doivent faire contre mauvaise fortune bon cœur. A savoir qu'elles vendent plus désormais le dimanche et la nuit que des produits de première nécessité. Résultat: les gourmands retardataires n'ont plus qu'à faire leurs emplettes dans les commerces les jours ouvrables!