Les écoliers genevois auront leur marmite en chocolat. Dans un mail envoyé vendredi 6 décembre en fin de journée aux établissements du canton, on peut lire qu’«il est exceptionnellement possible de s’adresser, cette année, à la Direction générale de l’enseignement obligatoire (DGEO), aucun élève ne devant être privé de marmite pour des raisons financières». Autrement dit, si une école ne dispose plus des fonds nécessaires, elle peut se faire financer sa marmite par l’Etat. Une disposition qui permet au Département de l’instruction publique, de la formation et de la jeunesse (DIP) de se poser en sauveur.
Mais, c’est aller un peu vite en besogne. Car, c’est bien une directive interne signée de la DGEO qui a jeté le trouble. Elle informait les établissements que, suite à un arrêt du Tribunal fédéral, les parents ne pouvaient plus participer au financement des marmites, même à hauteur de deux francs... Une interprétation pointilleuse de la décision de justice. De quoi inciter certaines équipes enseignantes à annuler la marmite. Comme à l'école Peschier.
C’était sans compter sur l’émoi suscité, relayé par le GHI et la Tribune de Genève. Une situation qui n’a pas laissé insensible Pierre Maudet. Chargé du Département du développement économique, le conseiller d'Etat a approché, samedi 7 décembre, l’Association des artisans boulangers confiseurs de Genève (ABCGE). «Mécontent que la tradition ne soit pas respectée, il nous a demandé si, dans un délai aussi court, on pouvait fabriquer autant de marmite», explique Stéphane Oberson, membre de l’ABCGE.
Les Vieux-Grenadiers en livreurs
Branle-bas de combat! Les coups de fils s'enchaînent pour connaître le nombre de moule à disposition. «Pour des marmites de 5 kilos, ce sont des moules rares.» Il faut trouver 0,5 tonne de légumes en massepain et des centaines de papillotes avec pétards. Sans compter le problème de la livraison. Les Vieux-Grenadiers sont appelés à la rescousse. Ils se tiennent prêts à aller chercher les marmites chez les chocolatiers et à les déposer dans les écoles.
«L’enveloppe nécessaire était estimée à quelques dizaines de milliers de francs, que j’aurais pu prélever au titre du soutien aux PME locales, sur le solde budgétaire disponible pour la promotion économique, précise Pierre Maudet. Le problème n’était en tous les cas pas d’ordre financier. Quand il s’agit de mettre sur pied d’égalité toutes les écoles primaires du canton, pour perpétuer une tradition locale et défendre les commerces genevois, on trouve les moyens.»
Mais, l'opération de sauvetage de dernière minute s'avère finalement inutile. Suite aux articles parus dans la presse, des associations de parents d’élèves et de généreux bienfaiteurs ont déjà mis la main au porte-monnaie. Certains chocolatiers ont d'ailleurs vu leur vente de marmites augmenter de 15 à 20%. Sans compter le coup de pouce proposé par la Direction générale de l’enseignement obligatoire envoyé le 6 décembre. «Le DIP s’est visiblement dit que cela allait lui péter à la figure tel un pétard...», sourit Stéphane Oberson. Mardi en fin de matinée, une seule petite école avait adressé une demande d'aide financière à la DGEO «par souci d’équité entre les élèves», indique Pierre-Antoine Preti, porte-parole du DIP.