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Ils trépignent d’impatience et enchaînent sûrement les vocalises sous la douche en attendant le jour J. Le mercredi 29 janvier, les membres de l’association Liederkranz-Concordia vont de nouveau donner de la voix. Spécialisée essentiellement dans le lyrique, cette chorale genevoise appartenant à l’Union genevoise des musiques et chorales (UGMC) avait coulé au printemps dernier. Après pas moins de cent cinquante ans d’existence.
Anniversaire mémorable
«C’est un chœur qui est né en 1863, précise Anna Sempiana, vice-présidente de l’association. En 2013, pour le 150e anniversaire, on a fait le plein du Victoria Hall. Certains spectateurs sont restés dehors pour suivre le concert sur un écran.» Deux ans plus tard, c’est un requiem de Giovanni Bottesini que donne la chorale. «Une première en Suisse avec orchestre symphonique», assure Anna Sempiana. Enfin, en 2018, un grand concert Tutto Rossini au Victoria Hall.
Seulement voilà, en 2019, l’association bat de l’aile. Les responsables peinent à tenir les cordons de la bourse. Au printemps, loin de reverdir, la chorale s’éteint. Le concert de juin est annulé. Il faudra attendre les frimas de l’hiver pour que des amoureux du chant relancent la machine. Parmi eux: une ancienne élue, Sandra Golay. Selon cette experte comptable, «le problème des associations recevant des subventions, c’est que si elles font un bénéfice, elles n’ont pas le droit de le garder, ce qui les empêche de pérenniser leur activité.»
Le conseiller administratif chargé du Département de la culture et du sport, Sami Kanaan admet que «le règlement des subventions est assez strict. Mais, on essaie de l’appliquer avec nuance et souplesse. On propose d’accompagner les associations, par exemple si les réserves sont affectées à un projet spécifique documenté, on ne les compte pas dans les fonds propres excessifs.»
Pour se remettre en selle, le Liederkranz-Concordia a décroché le 14 décembre 2019 une subvention de 20’000 francs, désormais inscrite au budget 2020 de la Ville. «De quoi voir venir», se réjouit Sandra Golay, devenue présidente de l’association. Et de quoi surtout permettre aux chanteurs de se concentrer sur l’essentiel. «Nous allons rester sur du lyrique. Et reprendre les dernières pièces de compositeurs suisses», que sont Louis Niedermeyer et Charles Samuel Bovy-Lysberg.
A ce répertoire lyrique, s’ajoutent des pièces de circonstance comme l’hymne national ou le Cé qué laino. «En tant que société patriotique nous participons aux événements tels que le 1er Août», souligne Anna Sempiana. «Les efforts pour faire fonctionner la société ont été considérables. L’envie de chanter est là, la passion pour la musique aussi», conclut la soprano, donnant ainsi le la pour 2020.