En moins d’un an, Olivier Jacquard a tout perdu: «J’ai racheté le Liberty Fitness il y a quatre ans pour 400’000 francs et aujourd’hui il ne vaut plus rien! Cela me met en colère car avant nous réalisions un chiffre d’affaires annuel de 800’000 francs avec un bénéfice pouvant atteindre 100’000 francs. Depuis le début de la pandémie, et malgré toutes les fermetures prolongées, nous n’avons reçu que 2000 francs d’aides! C’est tout simplement scandaleux!»
Indemnités
Sans se prononcer sur ce cas précis, Nathalie Fontanet, conseillère d’Etat en charge du Département des finances et des ressources humaines (DF), tient cependant à rappeler: «Les cadres avec fonction dirigeante du secteur des fitness ont eu droit à des indemnités fédérales forfaitaires de 3320 francs par mois, de mars à fin mai 2020. A ceci s’ajoute le versement rétroactif d’APG (allocations pour pertes de gains) «cantonales», soit jusqu’à 5880 francs nets par mois, entre le 1er juin et le 16 septembre 2020. Cette mesure, déployée uniquement à Genève, a depuis laissé place au régime APG fédéral, qui est toujours en vigueur et qui permet également d’obtenir jusqu’à 5880 francs nets par mois. En outre, les fitness ont eu la possibilité, lors de la première vague, d’obtenir des liquidités en quelques heures, sous forme de prêt à taux zéro.»
S’endetter pour manger
Une réponse qui ne convainc pas Olivier Jacquard qui se dit «désespéré». Avant de préciser: «Lors du premier semi-confinement, nous n’avons rien reçu. Heureusement que notre bailleur a fait un geste en divisant le loyer par deux. J’ai mis mes quatre employés en RHT (réduction d’horaire de travail), je compensais même les 20% de pertes de revenus, mais très rapidement je n’ai plus pu le faire. Car les RHT ne couvrent pas les charges patronales donc les factures continuent d’arriver! Ensuite beaucoup de clients se sont mis à résilier leur abonnement par peur du virus.»
Déjà très difficile, la situation est devenue intenable l’automne dernier: «Le deuxième semi-confinement, le 2 novembre, nous a tués, confie le patron du Liberty Fitness. Après plus de trois mois de fermeture, il ne me reste quasiment plus d’argent. Je n’ai pas pu payer les quatre derniers mois de loyer. J’ai fait une demande d’aide en novembre. L’Etat m’a répondu que j’allais recevoir 1800 francs! On se moque littéralement de nous! J’ai deux autres fitness en France voisine, à Annemasse et Gaillard. Le système d’aides français est bien plus rapide et simplifié. Il suffit de répondre à quatre questions sur Internet et l’argent arrive dans les trois jours.»
Aides liées à la seconde vague
Nathalie Fontanet se veut néanmoins rassurante sur les aides liées à la seconde vague: «Le Grand Conseil a voté une loi permettant aux commerces et aux activités de proximité, dont font partie les fitness, d’obtenir de manière subsidiaire aux autres aides une participation financière de l’Etat à leurs charges fixes, jusqu’à concurrence de 10’000 francs par mois, entre novembre et décembre 2020. Pour ces deux mêmes mois, l’Etat a également mis en place un mécanisme de prise en charge de la part patronale des cotisations sociales.»
La conseillère d’Etat conclut: «Depuis le 1er janvier 2021, les fitness sont considérés comme des cas de rigueur. Une partie de leurs frais fixes peut être prise en charge.» Par ailleurs, d’importantes indemnités sont aussi prévues en cas de perte de chiffre d’affaires.
Reste que ces promesses devront se concrétiser rapidement car Olivier Jacquard l’assure, il n’a encore pas vu la couleur d’un seul centime…