«Cette année, nous mettons en avant le label Clean and Safe attestant de notre sécurité sanitaire»
Adrien Genier, directeur général de Genève Tourisme
Le Covid-19 va-t-il contraindre une majorité de Suisses à partir en vacances dans leur pays ? Il y a quelques semaines, l’affirmative s’imposait. Mais avec la réouverture des frontières de l’Union européenne le 15 juin, les choses se sont tempérées. Un sondage réalisé récemment par Tamedia révèle que seuls 19% des Suisses resteraient à l’intérieur des frontières cet été.
«J’irai finalement en France en famille», confie ainsi un futur vacancier. Pour lui comme pour d’autres habitants, le déconfinement et l’éloignement d’une seconde vague virale ont réveillé des envies de Provence, d’Italie, d’Espagne ou de Grèce. Et le fait que la Suisse demeure un «îlot de cherté» ne fait qu’attiser la bougeotte vers ces destinations balnéaires.
Tourisme intérieur en hausse
Un exode estival programmé qui n’empêche pas les professionnels helvétiques de prévoir «une augmentation du tourisme intérieur. Hausse insuffisante toutefois pour compenser la chute des clients internationaux». Pour l’heure, le Valais, le Tessin et les Grisons, cantons traditionnellement plus attractifs, sont les premiers à bénéficier de la hausse des clients nationaux. Début mars déjà, alors que le coronavirus n’était pas encore sous contrôle, le traditionnel baromètre TCS des voyages montrait que 37% des sondés adapteraient leur voyage à la pandémie. Cette proportion s’est vraisemblablement renforcée depuis. Ce qui profite un peu à la Suisse aussi.
La preuve: début juin, les campings du TCS annonçaient être déjà à 70% de réservation en plus par rapport à la normale. Les campings lacustres, comme celui de Vésenaz sur les rives du Léman, sont aussi pris d’assaut. Les prestataires touristiques relèvent au passage qu’une proportion importante de Suisses privilégie des lieux de villégiature proches qui permettent un retour rapide à la maison en cas d’alerte ou de nouveau pic de contamination. Un critère primordial pointé également par Adrien Genier, directeur général de Genève Tourisme: «Cette année, nous mettons en avant le label Clean and Safe attestant de notre sécurité sanitaire.»
Casser les prix
Un atout sécuritaire primordial. Mais qui n’est de loin pas le seul à être valorisé. Concrètement, professionnels de la branche et cantons n’ont pas hésité à mettre la main au porte-monnaie et à casser les prix pour retenir les Suisses au pays. A titre d’exemple, dès début avril, les gros tour-opérateurs ont créé des séjours de courte durée permettant de vivre des expériences innovantes et de qualité à prix modique. Genève est très actif dans ce domaine avec notamment «des visites-découvertes couplées à des dégustations», relève un voyagiste de la place.
Côté offres imaginatives, même la plateforme Airbnb se montre créative. Certains hôtes locaux proposent par exemple un cours de voile sur le Léman ou de cuisine locale en plus du logement. Sans parler des offres liées à la campagne et au vignoble. Un patrimoine mis en avant avec des séjours tout compris incluant logement, transports publics, expérience touristique et panier de produits du terroir. Parmi les autres fleurons locaux mis en vitrine, notons des ateliers de haute horlogerie avec un maître en la matière. Ou alors des rencontres avec le célèbre navigateur Alan Roura, l’écrivain à succès Joël Dicker ou le chef étoilé Philippe Chevrier.
Bien entendu, pour que ces initiatives originales aient du succès, il faudra encore compter sur un coup de pouce de la météo. Mais aussi sur des décisions favorables du Conseil fédéral et des autorités des pays voisins. La crise et ses nombreux soubresauts ont en effet passablement renforcé la tendance aux réservations de dernière minute. Difficile de planifier. Et de savoir avant la fin de l’été si toutes les mesures prises auront ou non permis à un secteur économique mis à très rude épreuve de surmonter en partie une des plus graves crises de son histoire.