«Les cormorans bouffent nos truites!»

FAUNE • Alors que l’Etat repeuple ses rivières de truites, des pêcheurs dénoncent la non-régulation des oiseaux prédateurs qui viennent manger les poissons…

  • Le garde-manger des cormorans: l’Arve! DR

    Le garde-manger des cormorans: l’Arve! DR

«Les cormorans bouffent les truites et les ombres qui repeuplent l’Arve! C’est une catastrophe et chaque année c’est de pire en pire!» De nombreux pêcheurs sont remontés contre la politique de régulation de la faune. «D’un côté l’Etat repeuple les rivières avec des poissons adultes et des alevins, et d’un autre, il ne se préoccupe pas de constater qu’en réalité ce sont les oiseaux prédateurs (piscivores) qui prélèvent les poissons et non pas les pêcheurs! C’est d’un ridicule!» Christophe Ebener, président de la commission de la pêche ne mâche pas ses mots. «Sans compter que les poissons sauvages, qui peuplaient autrefois ce cours d’eau en nombre, ont quasiment disparu...», s’inquiète-t-il encore.

Prédateurs à l’assaut

Si la colère monte, c’est précisément parce que les cormorans et les harles bièvres sont en très grand nombre actuellement au-dessus de l’Arve. «L’Etat permet les tirs de sangliers et des corneilles qui détruisent les cultures, alors pourquoi pas aussi les cormorans? Pourquoi ailleurs en Suisse on tolère les tirs des cormorans en période de migration et pas à Genève? A quoi ça sert de rajouter des salmonidés manquants pour qu’ils se fassent manger directement par des oiseaux prédateurs?» s’emporte pour sa part un autre pêcheur aguerri. Et il n’est pas le seul: «Depuis le mois de mai, le Parlement fédéral a autorisé des tirs sur ces oiseaux prédateurs dans toute la Suisse, notamment près des réserves naturelles. Ils sont près de 6000 cormorans à venir migrer en Suisse. A Genève, leur garde-manger, c’est l’Arve!» Les pêcheurs professionnels ou pas, tiennent à souligner que même en Haute-Savoie on régule les cormorans, soit près de 80 par année.

«L’Arve n’est pas une pisciculture»

La direction générale de la nature et du paysage, très sensible à cette problématique, s’explique: «Dans notre canton où la chasse est interdite, les gardes-faune ne régulent des espèces que lorsqu’il y a des dégâts importants pour les cultures et les personnes qui vivent de ces activités, détaille l’inspecteur cantonal de la faune, Gottlieb Dändliker. La pêche amateur en rivière est un loisir que nous soutenons, mais notre service n’est pas autorisé à tirer des oiseaux sauvages au motif qu’ils pêchent des poissons rendus à la nature. L’Arve n’est pas une pisciculture mais un écosystème naturel... Et il s’est quand même pêché 762 truites dans l’Arve en 2014, soit plus que la moyenne des dix années précédentes!»

Mesures d’effarouchement

Conscient de l’impact potentiel des cormorans, le Service de la faune et de la pêche rappelle avoir toutefois pris des mesures: «Nous avons prolongé la pêche dans l’Arve jusqu’en novembre, et même jusqu’en décembre pour 2015, poursuit Gottlieb Dändliker. Et précisément parce que la présence des pêcheurs au bord de l’Arve fait fuir les cormorans!»

La féra a la pêche!

ChZ / ats • La pêche s’est révélée faste l’an dernier dans le Léman, toutes espèces confondues! Plus de 1300 tonnes de poissons ont été capturées. Les effectifs de truite et d’omble-chevalier progressent. Le millésime 2014 compte parmi les trois meilleurs tonnages enregistrés depuis l’année record de 1975. La commission consultative internationale pour la pêche dans le Léman détaille que l’activité professionnelle représente l’essentiel des captures (94%) avec 1250 tonnes tirées du lac. Et c’est la féra et la perche qui tiennent la vedette avec plus de 90% des prises. Avec 976 tonnes de féras, c’est le plus gros tonnage jamais pêché dans le Léman. La truite et l’omble-chevalier sont en progression, respectivement de 24% et 36%. Les captures d’écrevisses américaines, espèce invasive, ont atteint pour leur part huit tonnes l’an dernier. Enfin, l’ouverture de la pêche des salmonidés est fixée au 17 janvier 2016.