Les flèches ne siffleront plus aux Eaux-Vives

PATRIMOINE • La plus ancienne société patriotique genevoise ne bandera plus son arc dans le quartier. Une tradition qui remontait au Moyen-Age.

  • La belle propriété des archers est située dans un périmètre qui va se densifier. DR

    La belle propriété des archers est située dans un périmètre qui va se densifier. DR

Aux Eaux-Vives, on a toujours tiré à l’arc. Et ce, depuis le Moyen-Age. Grâce au Noble Exercice de l’Arc, la plus ancienne société patriotique de Genève, fondée en 1444 déjà. Samedi 25 avril, lors d’une journée portes ouvertes, ces garants de la tradition avaient toutefois un peu de vague à l’âme, en décochant leurs flèches sur leur pas de tir de Richemond. Car ces archers vont quitter leur havre de paix, cible de convoitises immobilières.

Projet immobilier

Cette propriété bucolique, nichée en retrait de la route de Chêne, est en effet incluse dans le plan de quartier, visant à densifier l’habitat autour de la future gare du CEVA.

«La ville a déjà racheté plusieurs villas alentour, toutes promises à la démolition», confie le chevalier Claude Robert-Nicoud, en nous faisant visiter la belle maison de maître, ornée d’épatants bas-reliefs, construite en 1902 sur un modèle du XVIIIe siècle. «La propriété nous appartient. Mais à quoi bon rester. Entourée de barres d’immeubles, elle ferait un peu réserve d’Indiens aux yeux des nouveaux résidents.»

Le choix de la raison

Dans la splendide salle des Chevaliers, nous rencontrons son camarade Mariano Pirari, qui nous montre un formidable tableau représentant une scène de tir devant l’hôtel du Pré-l’Evêque, leur fief attitré jusqu’en 1900. «Notre terrain, tout en longueur, se prête idéalement à la pratique de ce sport. Mais, à l’avenir, on ne pourra peut-être plus s’entraîner ici. Alors, mieux vaut partir, pour garantir la pérennité de notre vénérable société», souligne cet archer attachant, sacré roi du tir en 2013, à 84 ans. Fortiche. Le Noble Exercice de l’Arc, qui compte une quarantaine de membres, des hommes exclusivement, va donc se mettre en quête d’une nouvelle base pour perpétuer son histoire chevaleresque, entamée il y a 571 ans. Aux Eaux-Vives, on n’entendra bientôt plus siffler les flèches. Juste un train. Tout fout le camp…