«Maman, ça me gratte la tête.» C’est par cette petite phrase anodine qu’a commencé le calvaire de Christine. Son fils âgé de huit ans est rentré de l’école un soir en se plaignant de fortes démangeaisons. Un rapide examen a suffi: poux et lentes avaient en effet élu domicile dans sa chevelure blonde et frisée. De quoi s’arracher les cheveux pour cette mère de famille malheureusement habituée à voir ces petites bêtes proliférer. «C’était comme ça à chaque rentrée avec ma fille aînée.»
Rien à voir avec l’hygiène
Christine et ses enfants ne sont pas les seuls à être confrontés au problème. Même si peu de gens en parlent, les poux sont légion. Il est bon de rappeler que l’apparition de ces parasites n’a rien à voir avec l’hygiène! «Les poux aiment autant les cheveux propres que les sales et se transmettent par contact direct de tête à tête. Hors du cuir chevelu, ils meurent en 48 heures», informent les HUG sur leur site internet.
Parents et spécialistes constatent que le retour à l’école est un moment propice. «Fin août, c’est habituellement aussi «la rentrée» des poux», lâche la docteure Martine Bideau, coprésidente de la Société genevoise de pédiatrie. «Souvent, pendant l’été, on ne se rend pas compte que les enfants ont des poux. Et quand vient la rentrée et qu’on s’en aperçoit, l’infestation est déjà bien installée», commente Sonia Troyon, fondatrice et directrice de Lice clinics of Switzerland.
Elle et son collaborateur œuvrent sur deux sites: l’un genevois, l’autre vaudois. Le centre emploie une technologie américaine qui assèche poux et lentes «sans abîmer les cheveux», souligne-t-elle.
«Ce dernier mois, on a eu un emploi du temps chargé, étant précisé qu’on bloque deux heures par client.» Et Sonia Troyon d’ajouter: «Nous nous occupons majoritairement des personnes qui ne s’en sortent pas. Pour tous les autres, nombre de traitements sont disponibles en pharmacies. Ils fonctionnent plus ou moins bien et, quoi qu’il en soit, le peignage reste important.»
Selon la pédiatre Martine Bideau, «de plus en plus, les poux deviennent résistants à tous les produits». Un constat que partage Sherifa Moktar, employée au centre anti poux d’Annemasse, juste de l’autre côté de la frontière. Parasitologue de formation, elle assure que «les shampoings ne sont pas efficaces car beaucoup de molécules sont désormais interdites et ont donc été retirées. Le souci, c’est que ces produits n’éliminent pas les lentes.» Pour autant, le centre haut-savoyard n’utilise aucun produit agressif. «Notre traitement est 100% naturel et mécanique.» Le secret: un bon peigne et de la patience (lire l’encadré).
Joignant le geste à la parole, elle examine mèche par mèche les cheveux d’une fillette venue de Genève. «Un client sur deux vient de Suisse, estime à la louche Sherifa Moktar. On a beaucoup de Genevois et quelques Lausannois.»
Pourquoi les enfants sont-ils particulièrement concernés? «Ils sont très tactiles entre eux. On a aussi quelques adultes. Ce sont souvent les mamans, les mamies, les personnes travaillant avec enfants mais aussi le personnel hospitalier.»
Œuvrant depuis 2018 au sein du centre annemassien, Sherifa Moktar se dit étonnée du nombre de clients. «Cette année, c’est vraiment incroyable. On a l’habitude de bien travailler l’été mais 2022, ça a été exceptionnel.»
Selon elle, le rythme devrait être un peu moins intense durant le mois à venir avant de reprendre de plus belle après les vacances de patates et à Noël.