Francine Premet n’est pas du genre à se laisser faire. En témoigne le tréteau installé durant trois semaines devant sa bijouterie sise rue de Carouge. «Je fais signer une pétition contre une énième taxe annuelle! explique la commerçante, qui ne cache pas son agacement. La Ville de Genève va nous faire payer 50 francs par employé pour prélever nos poubelles.»
De quoi s’agit-il? A partir du 1er janvier 2023, la Voirie de la Ville de Genève va s’occuper de collecter les ordures incinérables (soit les déchets non triés) des entreprises comptant moins de 250 ETP (équivalents temps plein). Un service qui sera facturé soit au poids, pour les entreprises qui possèdent un container, soit au forfait, en fonction du nombre d’employés. A raison de 50 francs, par an et par ETP.
A noter que jusqu’à maintenant, les sociétés de moins de 9 employés bénéficiaient de la levée gratuite et que celles comptant de 9 à 250 salariés payaient un transporteur privé.
«Il n’y a plus rien dans ma poubelle»
Si la somme annuelle à débourser est modique pour Francine Premet, c’est le principe même qui dérange la bijoutière: «C’est un doublon! On paye déjà des impôts pour nos poubelles.» Et d’ajouter: «On a subi coup sur coup l’impact du Covid, puis de la guerre en Ukraine, les autorités devraient nous soutenir au lieu de nous persécuter!»
Elle poursuit: «Je travaille dans l’or. Cela ne génère pas de déchets. Je trie le verre, le PET, le papier. Je ramène même le marc de café pour alimenter mon compost... Il n’y a pour ainsi dire plus rien dans ma poubelle! Je dépose un sac de 35 litres tous les deux mois maximum. C’est simple: si cette taxe est maintenue, je ne trierai plus rien!»
Interrogé par nos soins sur ce nouveau système de collecte et de facturation, Cédric Waelti, chargé de la communication du Département de la sécurité et des sports, qui compte notamment la Voirie, explique qu’il s’agit en réalité d’une mise en conformité: «La Ville de Genève rentre dans le rang car c’est une obligation cantonale. Les communes n’ont plus le droit de lever gratuitement les déchets des entreprises.»
Déjà le cas à Carouge
Il rappelle que «sur la même rue que cette bijoutière, à quelques dizaines de mètres, les commerçants situés sur le territoire de Carouge sont déjà soumis à cette réglementation depuis plusieurs années». Un argumentaire qui ne convainc pas Francine Premet. La bijoutière entend bien déposer sa pétition, qui a recueilli une centaine de signatures, à la Ville .