L’éducation spécialisée «sous tension»

CRISE • Les enfants et jeunes en difficulté ne trouvent plus de place en éducation spécialisée. Cri d’alarme du Département de l’instruction publique.

  • Les 27 foyers accueillant les jeunes Genevois en difficultés sociales, sont saturés. Ils offrent un total de 316 places (dont 36 d’urgence), un nombre qui n’a quasiment pas évolué depuis 2008. GETTY IMAGES / MACHINEHEADZ

    Les 27 foyers accueillant les jeunes Genevois en difficultés sociales, sont saturés. Ils offrent un total de 316 places (dont 36 d’urgence), un nombre qui n’a quasiment pas évolué depuis 2008. GETTY IMAGES / MACHINEHEADZ

  • Les 27 foyers accueillant les jeunes Genevois en difficultés sociales, sont saturés. Ils offrent un total de 316 places (dont 36 d’urgence), un nombre qui n’a quasiment pas évolué depuis 2008. GETTY IMAGES / MACHINEHEADZ

    Les 27 foyers accueillant les jeunes Genevois en difficultés sociales, sont saturés. Ils offrent un total de 316 places (dont 36 d’urgence), un nombre qui n’a quasiment pas évolué depuis 2008. GETTY IMAGES / MACHINEHEADZ

«L’éducation spécialisée est sous tension!» Cette phrase alarmiste a été lâchée le 14 septembre par Anne Emery-Torracinta, conseillère d’Etat chargée du Département de l’instruction publique, lors de la présentation à la presse du budget 2017. «La plupart des cantons romands, notamment sur Vaud, font malheureusement le même constat», rappelle de son côté Francine Teylouni, directrice générale de l’office de l’enfance et de la jeunesse.

Cas urgents

Depuis plusieurs années, la démographie est en forte hausse dans le canton. A chaque rentrée, on enregistre environ 1000 élèves de plus. Or les 27 foyers accueillant la petite minorité des jeunes Genevois évoluant dans des contextes familiaux si problématiques qu’ils doivent en être retirés temporairement ou sur la durée, sont «saturés de façon chronique».

«Nous manquons de places ordinaires où ces bébés, enfants ou adolescents sont placés sur le moyen et le long terme mais aussi et surtout de places d’urgence où ils sont placés temporairement en cas de crise, par exemple suite à des violences ou à des négligences parentales», explique Francine Teylouni. Résultat: dans ces cas urgents, certains jeunes sont placés, faute de mieux, à l’hôpital! «Ces hospitalisations sociales, comme on les appelle, ne sont plus acceptables éthiquement. L’hôpital n’est clairement pas un lieu de vie adéquat pour eux!» assène la conseillère d’Etat Anne Emery-Torracinta.

Recruter des familles d’accueil

L’élue socialiste veut redresser la barre. C’est dans ce but que l’éducation spécialisée est affichée comme «une priorité» de son département pour 2017. Ainsi, parmi les mesures proposées, seize places d’accueil supplémentaires devraient être créées dans les foyers au cours des prochains mois dont la moitié seront des places d’urgence. De plus, des moyens financiers supplémentaires devraient être accordés aux institutions d’éducation spécialisée. Au total, un peu plus de 3 millions sont prévus pour financer l’ensemble des mesures envisagées.

Travail à la carte pour éviter le placement

En parallèle aux 3 millions prévus pour pallier le déficit de places en foyers d’urgence (lire ci-dessus), une somme de 500’000 francs devrait permettre d’assurer 5555 heures d’accompagnements supplémentaires dans le cadre de l’Action éducative en milieu ouvert (AEMO). L’AEMO, est un travail à la carte, consistant à accompagner, sur une durée initiale de 12 mois, des parents afin qu’ils puissent faire face à leurs difficultés et ainsi éviter le placement de leurs enfants. Pour Francine Teylouni, «toutes ces mesures permettront d’améliorer la situation. Toutefois, il faudrait aussi recruter plus que l’actuelle centaine de familles d’accueil avec hébergement qui s’occupent de certains de ces jeunes en difficulté.» Pour la seconde fois en quatre ans, une campagne de sensibilisation est sur le point d’être lancée pour y parvenir.