Ecole: réfectoires et salles de gym à louer

VILLE DE GENÈVE • Dès le 9 janvier 2017, des locaux scolaires seront mis à la disposition du public, le mercredi et les week-ends. Cette innovation, voulue par la magistrate Esther Alder, ne fait pas que des heureux.

  • Pour des questions d’hygiène, les cuisines de production ne seront pas accessibles au public. En médaillon: Esther Alder, conseillère administrative. PASCAL BITZ

    Pour des questions d’hygiène, les cuisines de production ne seront pas accessibles au public. En médaillon: Esther Alder, conseillère administrative. PASCAL BITZ

  • Pour des questions d’hygiène, les cuisines de production ne seront pas accessibles au public. En médaillon: Esther Alder, conseillère administrative. PASCAL BITZ

    Pour des questions d’hygiène, les cuisines de production ne seront pas accessibles au public. En médaillon: Esther Alder, conseillère administrative. PASCAL BITZ

L’initiative de la magistrate Esther Alder va faire du bruit. Jugez plutôt. A partir du 9 janvier 2017, les salles de gymnastique et de rythmique, les salles polyvalentes et les réfectoires des écoles en Ville de Genève pourront être mis à disposition du public, le mercredi après-midi et les week-ends. Autrement dit, des privés pourront louer des locaux scolaires pour organiser leurs fêtes d’anniversaires et autres rencontres familiales. Le tout, à la condition de résider en Ville de Genève. Interview de la conseillère administrative qui mène ce dossier au pas de charge.

– GHI: Combien d’établissements sont concernés par cette démarche innovante de la Ville?

– Esther Alder: Huit écoles. Parmi celles-ci cinq disposent de réfectoires. Plusieurs associations nous ont déjà dit que cela ne leur posait pas de problème et soutiennent le projet.

– Quels sont ces écoles?

– Je rencontre la Fédération des associations de cuisines et restaurants scolaires en fin de semaine pour les entendre sur ce projet. Je leur réserve la primeur de cette information.

– Développer la polyvalence des locaux scolaires comble quels besoins de la population?

– Ceux maintes fois exprimés par les habitants de disposer de lieux pour se réunir, pour faire la fête ou simplement se rencontrer en famille. Mais aussi le manque de locaux pour des activités sportives et associatives.

– D’où vient l’idée?

– Notamment du constat que de magnifiques locaux sont mis à disposition des Associations de restaurants et de cuisines scolaires, et c’est bien normal vu leur mission. Mais que ces locaux sont sous-utilisés. Il n’est plus possible de mobiliser des espaces aussi grands uniquement pour la pause de midi, quatre fois par semaine. Le reste du temps, ces locaux sont vides.

– Ne craignez-vous pas une opposition des associations de cuisines scolaires?

– Nous les avons informées par courrier. Une séance bilatérale est prévue pour expliquer le fonctionnement de ces locations dans le détail et prendre toutes les mesures qui s’imposent. La sécurité alimentaire et le respect de l’hygiène restent nos priorités (lire ci-dessous).

– Concrètement, qui va assurer le nettoyage des locaux et le respect des règles d’hygiène?

– Les locaux loués doivent être rendus dans l’état où ils ont été trouvés. Concrètement, le personnel du service des écoles est sur place le week-end de 7h à 11h. Il est chargé de faire l’accueil des locataires, l’état des lieux d’entrée et les nettoyages qui s’imposent. Les locataires remettent en l’état les locaux, puis le personnel de la Ville vérifie. Le soir, les locaux sont fermés par une société de surveillance privée, qui peut constater les problèmes éventuels.

– Qui sera responsable en cas de casse ou de vol?

– La location est payante et se fait sur la base de la signature d’un contrat. Le locataire doit avoir une assurance Responsabilité civile. Il est responsable en cas de casse ou de vol. Néanmoins, toutes les affaires des associations, à l’exception des tables et des chaises, seront sous clé. Pour des questions d’hygiène et d’incompatibilité entre le travail des associations et la mise à disposition au public, les cuisines de remise en température ou de production ne seront pas accessibles.

– Avez-vous chiffré ce que cela pourrait rapporter à la Ville?

– C’est surtout du travail en plus mais cette mise à disposition participe de notre politique sociale de proximité. Les écoles sont aussi des équipements publics dans lesquels certains locaux peuvent être mis à disposition des habitants.

– Au fond, ce projet ne devrait faire que des gagnants…

– Je l’espère. Il s’agit d’une démarche essentielle qui a été mûrement réfléchie et mise en place en tenant compte de l’intérêt du plus grand nombre.

"Une telle utilisation des réfectoires est incohérente et risquée!"

Le projet de la Ville de Genève ne fait pas que des heureux. «Déjà sur la forme, décider de louer des réfectoires sans même consulter l’ensemble des locataires et utilisateurs des lieux est inacceptable!», proteste Sue Putallaz, membre de la Fédération des restaurants scolaires. Qui poursuit: «Les restaurants scolaires ont pour vocation de produire des repas et de les servir dans des conditions sanitaires irréprochables. Les associations ont dû mettre en place un autocontrôle strict, et qui coûte cher, pour assurer l’hygiène et la sécurité alimentaire. Ceci sera mis en péril par une utilisation non-professionnelle des locaux. Il existe pléthore de salles communales, de maisons de quartiers et autres salles paroissiales pour accueillir anniversaires, mariages, etc. Quelle pertinence y a-t-il à engager des frais pour adapter les réfectoires quand ces mêmes réfectoires obtiennent péniblement le moindre centime d’investissement pour leur mise aux normes qui est plus qu’urgente?» La question est posée. Réponse ces prochains jours.