Soprano a fait escale à Nyon pour sa tournée promotionnelle et sa participation au concours de chant, Swiss Voice Tour. En juin prochain, il investira le stade de la Pontaise à Lausanne. En attendant, il se prête de bonne grâce au jeu des interviews qui se succèdent, et ce, sans jamais – élégance ultime – laisser transparaître la moindre lassitude. Mieux, il sourit parce que, dit-il, c’est le choix qu’il a fait, au début de sa carrière. Quand, plongé dans les affres de la dépression, il cherchait quelque chose de plus grand que lui.
«Puisqu’il fallait vivre alors je devais accrocher une notion fondamentale à ma vie pour contrer les mauvais tours du destin. En pensant de manière positive, de belles choses sont arrivées, les unes après les autres. Une maison de disque m’a contacté, j’ai rencontré ma femme et j’ai eu mes enfants.»
La famille, c’est bien elle qui empêche l’artiste de perdre pied. Soprano sait que cet équilibre est fragile. Qu’à tout instant, les funambules, que nous sommes, peuvent dévier de leur trajectoire. Mais l’espoir, thème qui traverse l’ensemble de sa discographie, ne doit jamais s’éteindre. «Tout à l’heure, j’écrivais une chanson, 3615 bonheur, je cherchais un chemin pour dire que la désespérance n’est pas un état figé. J’en suis la preuve.»
Sur toutes les gammes
Des mots contre les maux, ce n’est pas une mission que le quadragénaire s’est assignée, c’est bien plus que cela. C’est une intime conviction qu’il veut transmettre. Ainsi parle Soprano, loin des critiques qui lui reprochent d’avoir trahi le rap d’avant. Celui qu’il scandait avec son groupe Psy 4 de la Rime. A cela, il répond que la musique est une balade qui peut se faire sur toutes les gammes.
Comme Rimbaud, Soprano plonge dans l’infini pour trouver du nouveau. Dans son dernier opus, intitulé Chasseur d’étoiles, il donne de nouvelles couleurs à La Boum, au Grand Bleu, à Bruce Lee. Autant de fictions qui ont accompagné ses tendres années, celles des boules à facettes, des walkmans, des dragons et des extraterrestres de Spielberg, Saïd M’Roumbaba, de son vrai nom, raconte bien d’autres choses encore. Avant de devenir Soprano, le jeune Comorien, qui a grandi dans les quartiers Nord de Marseille, a connu le déracinement, la fracture en même temps que la possibilité d’une étoile. Cours vers qui tu es, tel est son mantra.
Stade de la Pontaise, à Lausanne, le 4 juin à 20h. www.livemusic.ch