Nous sommes au Tessin, au tout début des années 1970. A Ascona, la mode est aux cocktails, aux premières d’opéra en robes longues; la bonne société se lâche dans des flots de champagne et dans une vie quelque peu orgiaque. La jet-set allemande en est une des principales actrices, parce que, depuis la guerre, le Tessin est une terre d’élection pour certains anciens responsables politiques qui ont besoin de se faire oublier.
Dépression et alcoolisme
C’est dans ce tourbillon que débarque de Hambourg un brave concessionnaire d’une grande marque de voitures qui ne rêve que d’une paisible retraite scintillante au bord de l’eau. Mais il perd rapidement son épouse, victime d’une stupide maladie. Ses repères se diluent, il plonge dans la dépression et l’alcool. Sa fortune au bout des doigts, il est vite repéré par quelques arnaqueurs de haut vol, qui iront jusqu’à le tuer après l’avoir plumé lentement et lâchement. Le pauvre homme finira dans un sac de jute, jeté dans un ravin sur une route de montagne…
A la tête du machiavélique complot, on trouve un couple germanique qui a fait de l’escroquerie son mode de vie et son gagne-pain. Son procès en novembre 1973, en compagnie de son tueur à gages et d’un voyou qui a joué les intermédiaires, est très vite qualifié de «procès du siècle». Il débouchera sur des condamnations à perpétuité par la Cour d’assises criminelle de Locarno. Persistant à clamer son innocence, le duo va occuper la justice tessinoise jusqu’à l’orée des années 2000.