Le vol rocambolesque de l’UBS atterrit devant les juges

JUSTICE • Plus de neuf ans après les faits, cinq hommes comparaissent devant le tribunal correctionnel, du 14 au 21 décembre. Ils sont accusés de prise d’otage, extorsion et chantage.

  • Le procès débutera le 14 décembre. MP

  • L'avocat François Canonica. DR

L’action principale se déroule le 24 septembre 2013, à Genève. En une heure environ ont lieu: une prise d’otages, un terrible chantage et le vol d’1,25 million. Neuf ans plus tard, du 14 au 21 décembre, cinq hommes, aujourd’hui âgés de 30 à 41 ans, comparaissent devant le tribunal correctionnel. Retour sur ce vol digne d’un scénario hollywoodien.

Ce mardi-là, Myriam*, habitante de la Servette, reçoit deux de ses trois enfants pour le repas de midi. Quand on sonne à la porte... Il est 12h20. Trois individus se faisant passer pour des policiers entrent dans l’appartement. Menaçant et armé, le trio de malfrats ligote les trois membres de la famille apeurés. Puis, les prend en photo.

C’est ce cliché qui va être utilisé pour faire chanter Thierry*. Ce dernier, le troisième enfant de Myriam, travaille à la banque UBS de Cornavin. Vers 13h15, comme à son habitude et ne se doutant de rien, il sort prendre sa pause cigarette. C’est alors qu’un des malfrats, muni d’une tablette électronique, lui montre la photo de sa mère, son frère et sa sœur, ligotés et séquestrés, affirmant détenir aussi son propre fils. Et lui ordonne, s’il veut revoir les siens, de remplir deux sacs de sport avec l’argent de la banque.

Comprenant que sa famille est en danger, Thierry s’exécute. A l’aide d’un collègue croisé dans les escaliers, il se rend dans la salle des coffres et remplit les sacs de billets. Avant de ressortir pour remettre le butin, soit 1,25 million de francs, aux malfaiteurs. Ces derniers prennent la fuite. Tandis que leur acolyte resté à la Servette pour surveiller les otages, quitte, à son tour, les lieux.

La suite est tout aussi rocambolesque. Tout a été planifié pour quitter le territoire en toute discrétion... Dans la foulée, une limousine avec chauffeur effectue le trajet entre Genève et Prangins, avec l’un des prévenus, à son bord. Puis, depuis Prangins, un hélicoptère décolle direction le tarmac de Cointrin. D’où un avion privé repart, le 25 septembre, pour Marrakech (Maroc), via Malaga (Espagne). Le tout, en permettant à ses occupants d’échapper aux contrôles douaniers et policiers.

L’instruction commence. Les enquêteurs ne tardent pas à s’intéresser à l’un des prévenus. Pour cause, ce dernier a été arrêté quelques mois auparavant avec en sa possession des documents permettant de mettre ce plan à exécution, tels que des informations personnelles sur Thierry et sa famille ou encore les plans de l’UBS.

Neuf ans plus tard, ce trentenaire, défendu par Me Yaël Hayat, se retrouve sur le banc des accusés. A ses côtés, ils sont quatre. Tous comparaissent libres. Leurs avocats devraient, selon nos informations, plaider l’acquittement. A l’image de Me François Canonica. «Le temps que s’est donné la justice, soit neuf ans, pour, au final, ne pas instruire cette affaire est inversement proportionnel aux preuves qui seront apportées aux juges», estime le pénaliste. Ouverture du procès le 14 décembre. *Prénoms d’emprunt