«Si nous ne faisons rien, nos enfants ne pourront jamais aller seuls à l’école. En plus d’être vraiment long, le trajet qu’on leur impose est beaucoup trop dangereux. Et pourtant, la commune ne nous rencontrera pas avant les inscriptions pour l’année scolaire prochaine, qui ont lieu du lundi 27 février au vendredi 3 mars», déplore Elsy*, habitant dans le récent quartier de la Chapelle, à Lancy et mère d’un enfant de 4 ans. En cause: la décision des autorités d’affecter une trentaine d’élèves du quartier aux écoles des Palettes ou du Bachet, au lieu de l’école du Sapay pourtant beaucoup plus proche. Un choix communiqué aux parents via un courrier daté du 12 janvier, dans lequel les autorités invoquent un manque de places.
20 minutes de marche
De quoi mettre sérieusement en colère les parents d’élèves concernés. «Ces deux établissements se trouvent à une vingtaine de minutes de marche de chez nous alors que nous avons une école quasiment devant notre porte. On marche sur la tête», résume Patricia, une autre maman. Un avis partagé par sa fille, qui a accepté de faire la route avec nous en guise de test. «Je suis fatiguée. Maman, est-ce que tu peux me porter?» demande-t-elle à mi-chemin, avant d’enfourcher les épaules de sa mère. En plus de la longueur du trajet, le collectif pointe les nombreux dangers qui jalonnent le parcours jusqu’aux Palettes. Effectivement, plusieurs routes et pistes cyclables doivent être traversées, en plus de l’immense carrefour qui sépare le quartier des Palettes de celui de la Chapelle.
Groupe WhatsApp et pétition
Regroupés en collectif, les parents ont mis en place un groupe sur WhatsApp et ont lancé une pétition qui compte, à l’heure actuelle, près de 225 signatures. Ils ont également adressé une lettre aux autorités et à la direction de l’école pour tenter de trouver une solution. Le collectif suggère par exemple que l’on construise une annexe, que l’on trouve un lieu provisoire ou que l’on augmente les effectifs par classe d’une personne. «Nous sommes ouverts au dialogue et voulons trouver une solution durable. Mais pour l’heure, rien ne bouge. Ça nous inquiète, d’autant que le quartier continue de se densifier», témoignent les deux mamans.
Contactées, les autorités municipales se défendent. «Même si je comprends que ça ne fait pas plaisir aux parents des trente enfants concernés, cette décision est la seule option possible. Et elle n’est pas si terrible», justifie Salima Moyard, maire de Lancy. Rappelant que le problème remonte à 2020 déjà, comme le soulignait Léman Bleu fin janvier, l’élue énonce les différentes contraintes propres au site.
«Alors qu’une école standard comporte 16 classes, celle-ci est déjà passée de 24 à 34 classes et on ne peut dépasser ce nombre fixé par le Département de l’instruction publique (DIP), pour éviter les problèmes liés à une trop grande fréquentation. Nous ne pouvons donc pas ajouter d’annexe. Idem pour la demande concernant l’augmentation des effectifs par classe: cela supposerait qu’il y ait une trentaine de classes de 1P, ce qui n’est pas le cas.»
Pour la commune, le problème devrait se résorber avec la construction de l’école de Chapelle-Gui, qui n’est toutefois pas prévue avant 2028. «Jusque-là, on va devoir jongler. Ces enfants ne sont ni les premiers, ni les derniers», indique Salima Moyard.
En attendant, la Mairie mise sur la création d’un pédibus et d’un réseau avec les parents. Une réponse qui ne satisfait pas le collectif. «Aucun parent n’acceptera de prendre la responsabilité d’encadrer les enfants sur un trajet aussi dangereux», prédit Elsy. *prénom d’emprunt