Loi sur le climat: face à face genevois

VOTATION • Le 18 juin, le peuple suisse se prononcera sur la nouvelle loi sur le climat. Si elle est acceptée, notre pays devra atteindre la neutralité climatique d’ici à 2050. Lisa Mazzone, conseillère aux Etats Vert.e.s, et Céline Amaudruz, présidente de l’UDC genevoise et conseillère nationale, affutent leurs arguments.

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Un oui qui profite à tout le monde

Lisa Mazzone, conseillère aux Etats (Vert.e.s)

OUI • Le mercure qui dépasse les 38 degrés, la canicule qui n’en finit pas en juin, juillet et août et les défis liés à l’eau, en particulier pour le monde agricole. L’été dernier a marqué les esprits à Genève. Depuis 2015, au niveau mondial, chaque année dépasse les records de température. Chez nous en Suisse, le réchauffement est deux fois plus rapide, avec les Alpes qui en subissent les conséquences, les glaciers qui fondent, la neige qui se fait plus rare et les risques d’éboulement.

Cela pèse toujours davantage sur notre porte-monnaie. Rien que les intempéries de l’été 2021 ont provoqué au moins 2 milliards de francs de dégâts et la Confédération évalue les coûts à 38 milliards d’ici trente ans, si nous ne faisons rien. Il est donc temps d’agir. C’est ce que le parlement a fait.

La loi sur la protection du climat est un large consensus – seul un parti la rejette. Pragmatique, elle ne prévoit pas de taxes ni d’interdiction, mais elle fixe un calendrier de sortie des énergies fossiles aligné sur les autres pays. Elle soutient financièrement l’innovation dans l’économie et l’assainissement des bâtiments, ce qui nous protège contre la fluctuation des prix. Pour la Suisse, la transition est une chance. Chaque année, nous gaspillons des milliards de francs à l’étranger pour acheter du gaz et du pétrole. Cette dépendance est dangereuse, comme nous l’avons vu avec la guerre en Ukraine, où les prix ont tout à coup pris l’ascenseur et la pénurie a menacé. La transition permet de garder cet argent en Suisse et de créer des milliers de places de travail, en particulier dans l’industrie.

 

6600 francs par an et par personne

Céline Amaudruz, présidente de l'UDC genevoise 

NON • Le 18 juin prochain, nous voterons sur la LCI qui demande la neutralité carbone d’ici 2050 en Suisse. Or, cette dernière a un coût colossal: 6600 par an et par personne, selon une étude de l’Ecole polytechnique de Lausanne (EPFL) publiée en février 2022.

Depuis plus d’un an, les Suisses sont confrontés à une inflation galopante en raison des spéculations et incertitudes sur l’approvisionnement en énergie. Cela a entraîné un rehaussement significatif du coût de la vie et de nombreuses familles doivent lutter contre la précarité.

La LCI va gravement empirer ce phénomène, car elle limite la disponibilité de l’énergie. Or, quand un produit se raréfie sur le marché, son prix augmente. C’est exactement ce qui se passe depuis l’été passé.

L’EPFL a calculé le coût par personne et par année de l’abandon brutal des énergies fossiles. Si chacun de nous débourse en moyenne 3000 francs par an pour son énergie, le montant passera à 9600 francs par an et par personne, soit une augmentation de 6600 francs. Pour une famille de quatre personnes, cela représente donc 26’400 francs d’augmentation.

Aucune famille ne peut payer un tel montant supplémentaire par an: il faut donc voter non le 18 juin à la LCI.