La 7e balade sémantique fait une halte sur le terme marmotter, ce qui, sous nos latitudes, signifie: se plaindre sans raison. Soit. Mais d’où vient ce verbe qui exhale les coteaux herbeux, les versants pierreux, les sommets vertigineux (je m’égare).
Marmotter est une variante de marmonner qui, lui-même, est inspiré des sons émis entre ses dents.
Marmotter aurait, paraît-il, donné son nom à la marmotte (en latin: mus montanus soit: souris de la montagne). Pourquoi? Parce que le rongeur fait un petit mouvement des lèvres lorsqu’il siffle (c’est ainsi qu’il communique) pour alerter ses congénères d’un danger imminent. Un peu comme s’il exprimait son mécontentement mais pas à mots couverts: plutôt en émettant une sorte de stridulement.
D’ailleurs, l’animal est appelé siffleux en Amérique du Nord, c’est dire si on a le sens de la métaphore au pays de l’érable et du caribou.
Et les Genevois dans tout cela? Nous marmottons d’abondance autrement dit nous râlons souvent. Enfin, c’est que l’on dit de nous dans les autres cantons suisses parce qu’en vérité, nous sommes tous parfaitement irréprochables. Jamais le moindre gémissement, la moindre jérémiade.
«Gen’voiseries», des mots en scène, d’Yves Schaefer, éditions Cabédita, 2023. Dans la même collection et du même auteur: «Vaudoiseries» (2019), «Valaisanneries» (2021) et «Fribourgeoiseries» (2022).