De très nombreux scandales. Voilà comment est connue l’entreprise PricewaterhouseCoopers SA (PwC), une société américaine spécialisée dans l’audit qui œuvre dans de nombreux pays, notamment en Australie, en Chine ou en Grande-Bretagne. Mais aussi en Suisse, puisque l’entreprise a récemment été désignée pour accompagner le projet de réforme du système d’évaluation des fonctions et de rémunération de l’Etat de Genève, baptisé G’Evolue. De quoi alerter certains citoyens, qui s’étonnent que l’on confie une telle responsabilité à une entreprise au passé sulfureux. «N’avait-on vraiment pas le choix de faire appel à une société exemplaire?», s’interroge-t-on notamment en haut lieu?
D’autant que les scandales qui touchent PwC à l’étranger ont de quoi faire peur aux spécialistes de la question du système d’évaluation des fonctionnaires. Notamment après l’échec du projet SCORE, finalement abandonné par les autorités, non sans avoir coûté tout de même la somme de 79 millions de francs. En tout, ce sont près de 50'000 personnes et plus de 1800 fonctions qui sont concernées.
Fuites d’informations
Parmi les condamnations à son actif, le cabinet américain a notamment été sanctionné outre-Manche après des accusations de pyramide de Ponzi qui auraient fait des milliers de victimes entre 2015 et 2019. Mais aussi en Chine pour n’avoir pas respecté les règles d’audit et s’être servi de logiciels non autorisés. Ou encore en Australie, où l’entreprise est accusée d’être à l’origine de fuites d’informations… précisément sur un projet de réforme du gouvernement.
Et pourtant, dans la communication officielle du Canton de Genève annonçant que PwC a été identifiée pour accompagner le projet G’Evolue, aucune mention de ce lourd passé. «Suite à un processus rigoureux d’évaluation des offres reçues, l’offre de l’entreprise PwC, basée à Genève, et représentant le meilleur rapport entre les critères d’adjudication, a été retenue. Les travaux pourront débuter avec cette société à la fin du délai légal, pour autant qu’aucun recours ne soit déposé», se contente d’informer la missive diffusée le 5 juin par le Département des finances, des ressources humaines et des affaires extérieures (DF).
Une décision pas définitive
Alors, faut-il s’inquiéter? La réponse est donnée par la commission d’évaluation technique paritaire du projet, composée de représentants du Cartel intersyndical, d’une personne de l’Union des cadres de l’administration cantonale, d’une personne du Groupement des cadres de l’administration et de cinq personnes au nom de l’Etat-employeur. Bien qu’elle informe qu’elle ignorait le passé de l’entreprise en question, la commission se veut rassurante. «Il faut remettre du contexte. Il s'agit d'une entreprise présente sur la totalité du globe avec des milliers d'employés et des branches offrant des prestations dans des domaines très différents du mandat que nous nous apprêtons à lui confier» précise d'emblée Robert Monin, président de la commission paritaire.
Ce dernier rappelle également que le processus d’adjudication en question répond à des critères «multiples et rigoureux», qui permettent de prévenir les abus. «Le cahier des charges que nous devons respecter contient les besoins de l’Etat ainsi qu’une grille d’évaluation, produite en commission paritaire. Ce cahier des charges est extrêmement précis», détaille Robert Monin. Mais ce n’est pas tout. La commission rappelle que cette décision n’est pas nécessairement définitive.
«Notons enfin que la loi permet un recours contre la décision d'adjudication, ce qui constitue une étape de contrôle supplémentaire», complète le président. La commission rappelle que ce délai de recours s’achève le 14 juin
Une entreprise controversée pour auditer l'Etat de Genève
INQUIETUDES • Fuites de données fiscales, non-respect des règles, montages pyramidaux: l’entreprise PwC vient de remporter le contrat pour réaliser le nouveau système d’évaluation et de rémunération des fonctionnaires de l’Etat de Genève.