«Mais où sont passées les roses?» se demande Linda en parcourant les allées de la fraîchement rénovée roseraie du parc La Grange, aux Eaux-Vives. Avec un ami, la sexagénaire critique ouvertement le résultat des travaux de rénovation qui ont duré plus d’un an et coûté près de 1,6 million de francs à la Ville de Genève. «L’endroit était inaccessible tout l’été. Maintenant qu’il est ouvert au public, le résultat manque cruellement de fleurs et, surtout, il y a très peu de roses», s’étonne la passionnée. Son compagnon de promenade, Jean-Baptiste, acquiesce: «Elle est loin l’époque où Genève rayonnait avec son concours international de roses nouvelles qui attirait les plus grands rosiéristes du monde.»
Patience
«Effectivement, cela peut être perturbant pour les habitués puisque les roses n’ont pas encore assez poussé», reconnaît Anne Bonvin Bonfanti, chargée de communication au Département des finances, de l’environnement et du logement (DFEL) de la Ville de Genève, tout en précisant que «la période des roses se situe plutôt au mois de juin».
Initialement prévue pour l’été dernier, la réouverture a finalement été repoussée en raison de la pandémie et des aléas climatiques. Il faudra donc être patient, en tout cas jusqu’à l’année prochaine pour espérer revoir un lieu débordant de couleurs.
Pourtant, plusieurs nouvelles espèces récemment plantées n’ont pas attendu cette date pour fleurir. Pivoines, asters, clématites: ces plantes vivaces ont pris place au milieu de la roseraie, rebaptisée le Jardin des roses. «L’objectif n’est plus d’avoir une roseraie parfaitement homogène. Aujourd’hui nous tendons vers un ensemble plus naturel et varié», dixit Anne Bonvin Bonfanti.
Mieux respecter l’environnement
En cause, l’appauvrissement des sols causé par la monoculture pratiquée autrefois. «Pendant de nombreuses années, le sol a été lentement pollué par les engrais chimiques et traitements successifs. Résultat: la roseraie avait perdu l’éclat qui faisait sa renommée», rappelle la chargée de communication.
C’est donc une page qui se tourne au parc La Grange. Si l’ancienne manière de cultiver nécessitait l’utilisation de produits phytosanitaires, aujourd’hui ce n’est plus le cas. «Grâce à cette nouvelle approche, les mesures d’entretien sont respectueuses de l’environnement», salue Anne Bonvin Bonfanti. D’après elle, les nouvelles variétés de fleurs permettent également de prolonger la période de floraison et de rendre le jardin plus attractif et luxuriant.
Accroupis devant une des rares roses à avoir fleuri, Eva et Farouk se prennent en selfie. «Il y a peu de couleurs, mais c’est tout de même très beau», observe avec enthousiasme le touriste français en tenant sa copine par la main. Car comme le chantait Gilbert Bécaud en 1967: «L’important, c’est la rose…»