Directement impactée par la fermeture des frontières et les restrictions de voyage, l’agence spécialisée dans l’organisation d’événements d’entreprise Vitalis Events a su se réinventer en misant sur le digital. Reste que cette solution semble provisoire tant elle empêche de créer des émotions et de la convivialité. Son directeur Patrick Mengelt le clame haut et fort, les entreprises n’attendent qu’une chose: retrouver le monde d’avant.
GHI: Depuis plus d’un an votre activité est quasiment à l’arrêt. Comment le vivez-vous au quotidien?
Patrick Mengelt: Nous savions que nous serions les premiers à fermer, et les derniers à reprendre une activité normale, mais ça commence à faire long et on n’est pas encore sorti de l’auberge! Certains jours, vous débordez d’idées pour surfer sur les vagues successives, mais d’autres jours c’est plus compliqué…
– Qu’est-ce qui est le plus compliqué?
– Même si dans l’événementiel par essence on a l’habitude de gérer des imprévus, le plus compliqué, c’est cette double incertitude. D’une part, quand allons-nous pouvoir recommencer à organiser des événements en présentiel, et avec quelles jauges, avec quelles conditions sanitaires voire vaccinales? A ceci s’ajoutent encore les incertitudes liées aux quarantaines, au trafic aérien aléatoire, pour nous qui travaillons dans le monde entier! Et d’autre part, quelles seront les indemnités financières, pour nos entreprises et pour nos collaborateurs?
– Financièrement, arriverez-vous à tenir le coup cette année?
– On n’a pas une grande visibilité, pour 2021, et c’est un euphémisme. Mais entre une première tranche d’aide pour «cas d’extrême rigueur» reçue en décembre 2020, le prêt Covid, qu’il faudra néanmoins bien rembourser un jour ou l’autre, et surtout des réserves accumulées depuis dix-huit ans, on devrait finir par s’en sortir en espérant pouvoir retravailler à l’automne! Mais c’est quand même un peu triste de voir notre trésor de guerre partir en fumée au lieu de pouvoir le réinvestir plus intelligemment dans la société!
– Comment parvenez-vous à maintenir vos équipes motivées?
– Sur la durée, c’est clairement un défi, d’autant plus que depuis une année elles ont aussi dû avaler quelques couleuvres, telles qu’un revenu amputé de 15-20%. On s’encourage en célébrant, à distance, les toutes petites victoires intermédiaires et on se motive en ajoutant des cordes à notre arc par le biais d’événements hybrides et digitaux.
– Le digital vous a donc permis de vous réinventer?
– Le digital n’est pas tout à fait nouveau. Il y a quinze ans déjà nous diffusions live en streaming sur le site web d’un client un symposium médical qu’il tenait à Helsinki (Finlande)! Mais vous avez raison, cela nous a forcés et nous force encore à nous réinventer, à trouver de nouvelles idées, à développer des choses différentes, et ça c’est intellectuellement stimulant! S’il y a une année on nous avait parlé d’organiser des teams buildings virtuels ou de créer une plateforme pour des événements et congrès exclusivement digitaux, on n’aurait pas su par où commencer et pourtant, maintenant, on le fait!
– L’avenir, vous l’imaginez comment pour votre secteur d’activités?
– Dans la vie, j’ai toujours eu tendance à voir le verre à moitié plein. Ce qu’on voit chez tous nos clients, c’est vraiment l’envie de retrouver «un monde d’avant» fait de rencontres, de networking et de convivialité. Avec l’événement physique, vous pouvez tisser des liens et créer des émotions sans commune mesure avec un événement virtuel, même à grand renfort technologique et d’intelligence artificielle. Il y aura plus d’événements digitaux et hybrides qu’auparavant, mais rien ne remplacera le live!