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Genève fait-elle envie aux touristes? Après deux ans de Covid et dans un contexte international marqué par le conflit russo-ukrainien, pas simple de relancer la machine. D’autant que cette année encore, aucun grand feu d’artifice ne viendra illuminer la Rade. Comment se porte le tourisme genevois? Quelles sont les recettes pour attirer les Suisses et les étrangers au bout du lac? Les réponses de Sophie Dubuis, présidente de la Fondation Genève tourisme et du directeur général Adrien Genier.
GHI: Entre le Covid et la guerre en Europe, sale temps pour le tourisme! Non?
Adrien Genier: On est dans un optimisme prudent. Dès que la situation politique et sanitaire est stable, on observe une croissance des nuitées. On l’a vu en juin l’année passée. En 2020, la chute avait été brutale. En 2021, on a assisté à une forte reprise. On a d’ailleurs terminé l’année avec 1,5 million de nuitées. Soit mieux que les prévisions mais moins de la moitié de ce que l’on a connu en moyenne en 2017, 2018 et 2019. Cela dit, début 2022, omicron et la crise en Ukraine ont eu un impact direct sur nos quatre types de clientèle.
– Dont le tourisme d’affaires et de congrès, deux points forts du tourisme genevois, qui n’ont pas eu le vent en poupe...
Sophie Dubuis: Il y a eu moins d’événements c’est vrai mais cela fait des années que Genève tourisme fait la part belle au tourisme de loisirs. C’est une fausse croyance de penser que Genève se focalise sur le tourisme de congrès. C’est 25% de notre clientèle; 25 % est lié à la Genève internationale; 25% au tourisme d’affaires et 25% aux loisirs. On cible ce dernier créneau pour compenser la diminution des événements.
– Difficile de séduire les touristes alors que vous n’organisez plus de Fêtes de Genève depuis plusieurs années...
SD: C’est une autre croyance forte: nous ne sommes pas organisateur d’événements! Depuis l’entrée en vigueur de la nouvelle loi, en 2018, ce n’est plus du tout notre rôle. On identifie ce qui se fait et on en assure la promotion à l’extérieur. Notre seconde mission consiste à accueillir les touristes.
– Et ça marche?
SD: Oui, absolument! Genève est aussi une destination abordable. Et pendant longtemps, elle a décroché le prix City break destination, le meilleur week-end en Europe.
AG: De plus, juillet et août sont les mois les plus chargés. Ceux qui enregistrent les plus gros volumes de nuitées. Et pourtant, ce n’est ni la période des congrès, ni des conférences internationales.
– Qui sont les touristes estivaux?
AG: Genève a longtemps été vue comme une destination pour les touristes des pays du Golfe venant dans les 5 étoiles. Or, c’est un marché qui a changé. Depuis plusieurs années, ils représentent 8% de part de marché. La France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis sont chacun autour de 11 à 12%. Et les Suisses sont les plus nombreux, avec 18%.
– Comment s‘explique cet attrait des Suisses? Est-ce dû au Covid?
AG: En 2020, avec le choc de la pandémie, les gens sont allés en campagne, en montagne mais dès 2021, on a vu une augmentation des touristes en provenance de Suisse allemande. Cela dit, on travaille depuis 2019 sur cette clientèle. Et on continue!
– Comment?
AG: A travers un travail de fonds avec les médias, les influenceurs, les agences... Les Genevois sont invités à promouvoir la destination avec nous en partageant leurs bons plans avec le hashtag #visitgeneva. Ce sont nos meilleurs ambassadeurs.
– Qu’est-ce que vous «vendez»?
AG: La gastronomie et la culture font envie aux Suisses allemands! Le côté épicurien plaît beaucoup.
SD: L’écrin aussi séduit. Il y a tant de choses à faire entre lac et montagne. On peut aller se baigner, faire du vélo en campagne, découvrir l’horlogerie, aller voir les organisations internationales. Et puis, il y a toutes les animations en ville de Genève comme dans les communes. Si c’est bon pour les résidents, c’est bon pour les touristes!
AG: Exact! Durant juillet et août, il y a plus de 100 activités de loisirs que l’on peut trouver sur notre site internet. On vient donner de la visibilité à cette offre, en proposant notamment des tarifs réduits grâce au Resort pass (distribué gratuitement en été) ou au Geneva city pass.
– Mais pas de feux d’artifice. Pourquoi?
SD: Nous n’avons pas les moyens financiers de l’organiser. Cela coûte 1 million de francs. En 2018 et 2019, les feux ont été payés par un mécène. En 2020, nous n’avions ni moyen, ni mécène et le Covid est venu s’ajouter à cela. En 2021, idem. En 2022, c’était trop court pour l’organiser. A noter que les frais liés au dispositif de sécurité ont considérablement augmenté. Et cela se concentre uniquement sur une nuit. Qui plus est 80% des spectateurs viennent du Grand Genève... Normalement, Genève tourisme s’est engagé jusqu’en 2023. Rien n’est joué pour l’an prochain.