Pas facile de travailler avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Depuis l’arrêt du Tribunal fédéral (TF) rendu public le 3 juin, les chauffeurs dits Uber guettent les nouvelles émanant du Département de l’économie. Leur souci: savoir si la plateforme qui assure leur relation avec les clients va pouvoir continuer de fonctionner. La suspension de l’interdiction d’Uber courait jusqu’à mi-octobre. Vendredi 14, elle a été prolongée afin de poursuivre la démarche de conciliation entre Uber et les syndicats (Unia et SIT).
En attendant, les chauffeurs ne chôment pas. Particulièrement ceux qui ont fait le choix de signer un contrat avec MITC Mobility. Parmi eux: Thierry (qui préfère rester anonyme) et Alicia Middelkoop. Le premier, âgé de 60 ans, a rejoint MITC Mobility et est plus que ravi. «J’ai commencé comme chauffeur indépendant il y a sept ans. Je m’étais inscrit au registre du commerce dans le canton de Vaud», explique-t-il. Quand l’arrêt du TF tombe, Thierry «bascule», comme tous les autres chauffeurs Uber, soit environ 1000 profils, chez MITC Mobility.
Et comme 500 d’entre eux, il décide de signer un contrat avec cette jeune entreprise de transport. «Bien m’en a pris! Aujourd’hui, je gagne bien ma vie. Encore mieux qu’avant!» En effet, si Uber prenait une commission de 25% sur le chiffre d’affaires du chauffeur, celle-ci est passée à 20%, dont 15% pour Uber utilisée comme plateforme pour assurer la relation avec les clients et 5% pour MITC Mobility en tant qu’employeur.
«Mais surtout, l’entreprise paie la moitié des cotisations AVS ou encore LPP (prévoyance professionnelle).» Et Alicia Middelkoop de renchérir: «De plus, contrairement aux indépendants, en étant employé, on cotise aussi pour l’assurance invalidité, perte de gains, etc.»
Mieux protégés
De quoi être un peu plus sereins dans la tourmente actuelle... «Si Uber devait cesser de fonctionner à Genève, j’aurais au moins l’avantage de toucher le chômage!», lance Thierry. Un cadre qui rassure aussi Alicia Middelkoop: «Je travaille comme indépendante dans l’immobilier. En général, les indépendants n’ont droit à rien ou au strict minimum.» Aussi, quand elle a vu une annonce pour devenir chauffeur, cette touche-à-tout n’a pas hésité longtemps. «Etre employé chez MITC Mobility me permet d’avoir une activité complémentaire et, ce qui n’est pas négligeable, d’avoir un salaire qui tombe tous les 15 jours. Ça permet de respirer!»
Rémunérés en fonction de l’activité
Une rémunération qui n’est toutefois pas fixe et dépend de l’activité de chacun des chauffeurs. Nos deux interlocuteurs assurent toutefois vouloir conserver cette indépendance. «C’est très flexible. Je mets en route l’application quand je veux. La seule obligation, c’est celle de respecter la loi à savoir: 45h par semaine maximum et deux jours de congés après cinq jours de travail. Mais ça, c’était déjà obligatoire quand j’étais indépendant», souligne Thierry. Face aux négociations actuellement en cours, le sexagénaire se veut confiant: «Uber a tout intérêt à trouver un accord pour pouvoir continuer à exercer à Genève.» Même son de cloche du côté d’Alicia Middlekoop: «L’Etat est là pour que les gens cotisent, c’est normal. Quant à Uber, je comprends qu’il ne veuille pas devenir employeur. Enfin, les chauffeurs doivent vraiment comprendre l’intérêt d’être employé MITC. Je suis un peu inquiète pour mes collègues qui n’ont pas signé leur contrat. Demain, si tout s’arrête, ils vont se retrouver à l’hospice! Par ailleurs, il faut qu’ils comprennent qu’indépendant comme employé, ils doivent de toute façon cotiser.» A noter que pour les informer sur le système suisse, MITC Mobility dispense même des formations.