Ras le bocal de votre poisson rouge? Ce qui suit devrait vous intéresser. Au Bioparc, le parc animalier situé à Bellevue, un étang vient d’être aménagé. Objectif: recueillir les carassins dorés délaissés. Les poissons rouges, comme on les appelle communément, sont nombreux à être abandonnés par leurs propriétaires. «Les gens ne réfléchissent pas avant d’acheter un poisson rouge. Or, ce n’est pas un jouet!», lance Gottlieb Dandliker, inspecteur de la faune.
Si se débarrasser de son poisson dans les WC est interdit par la loi, certains croient bien faire en le rejetant dans un étang ou autre plan d’eau. Autre phénomène venant s’ajouter à cela: le Nouvel An perse célébré entre le 20 et le 22 mars. A cette occasion, les Iraniens achètent un poisson rouge pour la haft sin, la nappe de Norouz. Avant de le rejeter à l’eau...
«Le problème, c’est que ce n’est pas du tout une espèce indigène. C’est un animal domestiqué qui a été créé en Chine spécifiquement pour cet usage, poursuit le spécialiste. Il est très résistant. Il peut vivre avec peu d’oxygène. Sa présence perturbe les autres espèces telles que les batraciens dont il mange les œufs et les larves.» A noter que seuls ceux du crapaud résistent à ce prédateur puisqu’ils sont empoisonnés.
Un millier aux Franchises
En résumé, les poissons rouges n’ont rien à faire dans nos cours d’eau et nos étangs. Et pourtant... «L’été dernier, à l’occasion de l’épisode de sécheresse fin juillet, nous avons fait une découverte spectaculaire au parc de Franchises», raconte Gottlieb Dandliker. Le niveau d’eau étant particulièrement bas, les poissons sont montés à la surface en quête d’oxygène.
Une jeune association baptisée Arbor, installée à Meyrin et luttant contre la souffrance animale a pris les choses en main et s’est rendue sur place épuisettes à la main pour porter secours à ces carassins dorés en danger. «Ce qui est impressionnant, c’est qu’il y en avait un demi-millier, poursuit l’inspecteur de la faune. Sans compter ceux qui sont restés dans l’étang.» Sans doute à peu près autant estime la coprésidente d’Arbor, Clémence Cretton.
«Cet étang est devenu le lieu de tous les excès, entre les personnes s’y débarrassant de leurs déchets et celles y abandonnant leurs poissons rouges, il n’a plus rien de naturel», regrette Christina Meissner, vice-présidente du conseil de fondation du Bioparc.
Participation des SIG
Pour tenter de régler le problème, le parc animalier a eu l’idée de créer un plan d’eau où les propriétaires désireux de se débarrasser de leur poisson pourront le faire sans risquer de perturber l’écosystème. «En nettoyant ce secteur du Bioparc auparavant occupé par des sangliers, l’équipe a découvert un étang rempli de boue», explique Christina Meissner. Naît alors l’idée de le réhabiliter. La boue souillée est évacuée, l’étanchéité refaite et des plantes aquatiques sont plantées. «Coût de l’assainissement et du panneau d’information: 25’000 francs environ, pris en charge par le fonds Vitale Vert des Services industriels de Genève (SIG)», précise la vice-présidente. Quant à la taille de l’étang, sa profondeur maximum est de 1,70 m et sa surface de 26 m2, comme l’indique Tobias, vétérinaire et directeur du Bioparc.
Un projet qui a le soutien de Gottlieb Dandliker. «Si cela peut éviter que les poissons rouges soient rejetés n’importe où!» indique-t-il, rappelant qu’un système similaire existe pour l’accueil des tortues, soit le Centre Emys de Chavornay (VD).
Aux yeux de Clémence Cretton comme de Christina Meissner, la solution idéale consisterait à régler le problème à la source soit à interdire la vente de poissons rouges. «Mais, c’est une décision qui nous dépasse, ajoute la vice-présidente du Bioparc. En attendant, et en plus d’accueillir des poissons rouges abandonnés, pourquoi ne pas offrir aussi une alternative aux personnes qui ont besoin d’un poisson rouge pour un jour de fête comme le Nouvel An iranien. Elles pourraient le prendre et le ramener après. Ce serait toujours mieux que d’en acheter un et ne plus savoir quoi en faire.» Une proposition à creuser…