Tout (ou presque) est dans le titre: «Manifeste pour une écologie de l’espoir». Dans un fascicule d’une trentaine de pages, sorti mercredi 10 mai et préfacé par l’académicien Erik Orsenna, le conseiller d’Etat Antonio Hodgers lance un appel: «Stop à la déprime et au catastrophisme anxiogène, place à une politique écologique positive, axée sur les solutions». Un propos qui contraste avec le discours des activistes pro climat. Dont Vincent Zeder qui, après s’être collé la main sur le plateau de Léman Bleu dimanche 30 avril, a qualifié son geste d’«acte de désespoir au nom d’une génération dont le futur est nié». Aux yeux d’Antonio Hodgers, il est grand temps de «faire en sorte que le vert redevienne la couleur de l’espérance». Interview:
GHI: Dès les premières pages, vous revenez sur le «I want you to panic!» prononcé par Greta Thunberg en 2019. Pourquoi? Antonio Hodgers: Elle s’adressait aux dirigeants du monde et dénonçait ainsi l’inertie du système. Mais, ce message d’angoisse peut être contreproductif. Face à une maison en flamme, on prend la fuite ou on reste paralysé. Pour être efficace, l’écologie doit dépasser le catastrophisme et montrer le chemin menant vers l’issue.
– Selon vous, l’activisme écologique n’envoie pas le bon message? Il faut à chaque fois évaluer l’impact de ces actes pour le grand public: ça interpelle ou ça agace? Autant la peinture sur les tableaux de maître semble incompréhensible pour la population, autant l’activiste qui s’est collé la main à Léman Bleu a réussi son coup: il a été repris partout et a été invité pour une interview par la chaîne. Pour ma part, en trois mois de campagne, on ne m’a pas posé une seule question sur ma politique énergétique. La prochaine fois, je me colle la main!??
– Vous parlez de l’importance du politique pour faire bouger les choses, vous êtes bien placé pour ça à l’échelle genevoise. Pourquoi écrire plutôt qu’agir? J’agis et j’écris! On a le plan climat et la politique énergétique les plus ambitieux de Suisse. A Genève, les gens font de réels efforts en la matière. On va dans le bon sens! Mais je crois aussi que le rôle du politique n’est pas d’avoir le nez dans le guidon, pris dans la gestion quotidienne de l’Etat. Il faut aussi voir loin, c’est l’objectif de cet essai.
– Certains vous reprochent de bétonner, est-ce compatible avec la vision de l’écologie prônée dans votre manifeste? C’est tout l’inverse. Les scientifiques ont établi que construire la ville en ville est le meilleur moyen d’éviter de bétonner la nature. Mon action a donc permis la sauvegarder des dizaines d’hectares de zone agricole, de bois et forêt. Je sais que c’est contre-intuitif, mais c’est ainsi. Comme le fait que l’horizon est plat, mais la terre est ronde. Une partie de la population ne veut pas le comprendre, cela n’en reste pas moins une réalité scientifique.
– Quel est votre message aux jeunes souffrant d’éco anxiété? Même si le monde change, la vie vaut la peine d’être vécue! Bien sûr, tout ne sera pas facile, mais les joies seront plus grandes que les peines. Je suis un indécrottable optimiste. Peut-être parce que j’ai connu la mort, la souffrance, la clandestinité et l’exil très jeune. L’esprit humain est capable de tout surmonter. Continuez d’espérer!