GRAND CONSEIL • C’est l’une des nouveautés de cette législature. Parmi les députés fraîchement élus, on compte un aveugle. Francisco Taboada fait son entrée au Grand Conseil jeudi 11 mai. Élu comme suppléant sur la liste Libertés et justice sociale, cet athlète, chef d’entreprise et père de famille, âgé de 45 ans remplace Pierre Maudet qui a, lui, accédé au Conseil d’Etat. Alors, forcément, se posent de multiples questions pratico-pratiques, allant de l’accessibilité du bâtiment à la transcription des documents écrits. «Au début, quand Pierre Maudet a averti Laurent Koelliker, le sautier, c’était un peu panique à bord! sourit Francisco Taboada. L’équipe du Grand Conseil m’a appelé et a, tout de suite, fait preuve d’une grande ouverture d’esprit. Je ne m’attendais pas à bénéficier d’autant de soutien.»
A l’occasion d’une visite de repérages, il se familiarise avec les lieux. «Le nouveau bâtiment est conçu pour être inclusif», stipule le sautier, avec, entre autres, des indications en braille dans l’ascenseur. «C’est très bien, commente Francisco Taboada. Même si, pour ma part, je prends toujours les escaliers.» Il a déjà remarqué que «certaines salles de commissions ne disposent pas de rampes d’accès. Ce sont les limites d’être dans un bâtiment historique.» A noter qu’il n’est pas le seul nouveau venu à avoir une déficience visuelle. «La PLR Céline van Till a un champ de vision réduit, indique le sautier. Son groupe l’a placée pour que cela convienne au mieux à son champ de vision.»
Côté accès aux documents, aucun souci pour Francisco Taboada! «Contrairement à l’époque où j’étais au Conseil municipal de Lancy, en 2010, aujourd’hui tout est numérisé.» Plusieurs outils lui permettent de transformer un texte numérique en braille. «Je peux ensuite le lire sur cette plage braille», explique-t-il, joignant le geste à la parole. «Ou alors, par confort, je peux écouter la synthèse vocale. C’est presque plus facile pour moi que pour les autres nouveaux députés. Qui plus est, étant privé de la vue, mon cerveau est habitué à recevoir et traiter des dizaines d’informations à la minute.»
«Si cela peut réveiller des envies, montrer que c’est possible, tant mieux!», lance le nouveau député. «En revanche, je ne suis pas au parlement pour traiter uniquement des thématiques liées au handicap. Je serai un député à part entière!» Et d’ajouter: «Pour le moment, tout le monde est plutôt sympa avec moi. J’espère que dans deux ans, mes collègues ne mettront pas des barrières pour m'empêcher de venir siéger», conclut en riant celui qui ouvrira le cortège aux côtés de Mauro Poggia, le 31 mai, à l’occasion de la prestation de serment à la cathédrale. MP