Un syndicat étudiant promet «d’avoir à l’œil» 
la nouvelle rectrice de l’Université

ACCUSATIONS - Sur les réseasux sociaux, la CUAE, associa- tion faîtière et syndicat des étudiants de l’Université de Genève affirmer redouter les actions de la nouvelle rectrice de l’institution, Audrey Leuba.

  • Photo Alexmar983/DR

Gouvernance • «Cela fait un mois que Leuba est rectrice de l’Université. On n’a pas encore vu nos conditions d’études changer concrètement, mais les signaux envoyés jusqu’ici sont quand même très mauvais. Pour l’instant, c’est pas des mesures mises en place, mais bien un projet politique anti-social qu’elle nous a déroulé sous les yeux.» Ces accusations ainsi formulées ont été publiées la semaine dernière sur les réseaux sociaux par la CUAE, association faîtière et syndicat des étudiants de l’Université de Genève sur les réseaux sociaux, qui dit redouter les actions de la nouvelle rectrice de l’institution, Audrey Leuba. Le syndicat reproche à la nouvelle direction de prendre des mesures cosmétiques, éloignées des réelles préoccupations des étudiants. «Pour le rectorat, il faut faire en sorte que le monde se sente faire partie de la «communauté universitaire». Pour ça, (Audrey) Leuba propose sérieusement de redécorer les locaux universitaires. Comme si c’était ça dont les étudiants ont besoin. Le stress des examens? Les semaines surchargées? Pas un seul mot de sa part, mais par contre c’est vrai qu’un peu de déco dans Uni Mail réglerait nos problèmes», ironise les auteurs.
Précarisation des conditions d’études
La CUAE accuse également la direction de privilégier «l’excellence» des classements internationaux à «l’excellence» des formations enrichissantes sur le plan intellectuel. «Au profit de l’économie, pour une petite minorité. C’est pas l’excellence d’un accès facilité aux études universitaires. C’est pas l’excellence d’une université qui lutte contre les inégalités.»
Enfin, le syndicat déplore qu’Audrey Leuba ne lutte pas correctement contre la précarité étudiante: «Leuba n’a rien trouvé de mieux que d’intégrer encore plus les étudiants sur le marché de l’emploi pendant leur cursus. Comme si les stages ne participaient pas à la précarisation des conditions d’études. Comme si le marché du travail n’était pas un puissant créateur de précarité et que l’université ne servait qu’à fournir de la main-d’œuvre aux employeurs.»
Ligne éditoriale
Contactée, l’Université des Genève ne s’émeut pas de ces attaques. «Sur la forme, le post de la CUAE sur Instagram reflète une ligne éditoriale revendicatrice – c’est aussi le rôle d’un syndicat étudiant –, mais ne traduit pas la qualité des échanges, heureusement plus riches, qu’elle a et aura avec le Rectorat. Les rencontres régulières, instaurées de longue date, vont se poursuivre sur une base mensuelle, la première avec le nouveau rectorat ayant eu lieu aujourd’hui même», répond ainsi Marco Cattaneo, directeur de la communication. Et de rappeler que sur le fond, le nouveau rectorat a présenté les axes de son programme le mois dernier.
Pour l’Université, le «vivre ensemble» n’a rien de cosmétique, «il répond aux besoins de la communauté, qu’il s’agisse de logements étudiants, de lutte contre les discriminations, de places de crèche ou d’accessibilité. La rénovation évoquée n’est pas une question de décoration, mais la volonté de créer des lieux de travail, de détente, de partage, et d’offrir une vision ambitieuse du campus avec de nouveaux bâtiments autour de l’Arve et un Student Center à l’horizon 2032», se défend encore l’institution.
Enfin, l’UNIGE répond aussi aux deux autres critiques de la CUAE: «L’excellence n’est pas juste celle des classements internationaux, c’est celle de l’enseignement qui doit satisfaire les attentes actuelles, celle des infrastructures, celle de la recherche, celle de l’encadrement. L’employabilité enfin est une préoccupation légitime de nos étudiantes et étudiants, à laquelle nous nous devons évidemment de répondre», conclut le directeur.