Un tribunal fictif s’invite au cycle d’orientation

  • Comme lors d’un vrai procès, les élèves attendent le signal de la présidente pour s’asseoir. TR

CITOYENNETÉ • Sur fond de jalousie et de rivalité sportive, Grégory, 14 ans s’est montré insultant et violent avec son camarade Pedro. L’adolescent a également harcelé et menacé une autre élève, Amina, pour qu’elle l’accompagne au cinéma. Après une plainte des parents des victimes d’agression et de harcèlement, le trublion est convoqué par la Brigade des mineurs avec deux amis, dont l’implication reste à prouver. Voici le scénario présenté par Me Diego Leis. En ce lundi 7 novembre, l’avocat s’est invité dans la classe de 9e de Jacques Veyrat, enseignant au cycle d’orientation de la Gradelle, à Chêne-Bougeries. Une action menée avec l’Ordre des avocats: au total, 99 avocats doivent aussi intervenir durant la semaine dans 109 classes du canton.

«Se faire une opinion»

Avant de passer à la pratique, petit détour théorique. L’avocat commence par détailler les différentes professions exercées dans un tribunal: du juge au procureur, en passant pas le greffier et la défense. «Savez-vous comment le juge prend une décision?», interroge Me Leis. «Il pose des questions et il réunit des preuves pour se faire une opinion», répond Maëlle* d’un ton décidé. «C’est tout à fait cela. Il se fonde aussi sur la loi pour trancher», complète Diego Leis.

Place au procès fictif. Après avoir réparti les différents rôles entre les élèves, la salle de classe se métamorphose en salle d’audience. Les juges interrogent les victimes, les prévenus et les témoins. Le procureur porte l’accusation. De leurs côtés, les trois avocats défendent leurs «clients» comme ils peuvent, en laissant entendre qu’une des victimes a une part de responsabilité dans cette affaire: «Peut-être que Pedro a provoqué la bagarre», hasarde l’un d’eux.

«1000 francs d’amende»

Pas de quoi convaincre les juges. Après délibération, les trois jeunes filles reconnaissent Grégory coupable d’agression et de harcèlement. Le prévenu écope de 1000 francs d’amende et d’un renvoi du cycle de la Gradelle. Ses deux comparses, accusés d’avoir soutenu l’agresseur, sont condamnés moins lourdement. Pour eux, ce sera une retenue de deux heures, mais également une amende.

«Il s’agit de peines plutôt mesurées, ce qui n’est pas toujours le cas», note Me Diego Leis, soulignant que «les élèves se sont montrés intéressés». Le verdict suivi du retentissement de la sonnerie marquent la fin des cours. L’expérience réjouit également Jacques Veyrat, régulièrement confronté à des questions juridiques de la part de ses élèves. «Ils ont souvent une vision fantasmée, notamment liée au cinéma américain. Ces procès fictifs permettent aux élèves de mieux se rendre compte de ce qu’il est en est vraiment», conclut l’enseignant. 

*prénom fictif