Une nouvelle affaire signée Joël Dicker

Le dernier Dicker, c’est toujours un événement. D’autant plus quand il s’agit de la suite de son immense best-seller, La Vérité sur l’Affaire Harry Québert, publié il y a dix ans déjà… Interview à l’occasion de la sortie de L’Affaire Alaska Sanders.

  • L'auteur genevois publie son nouveau roman "L'Affaire Alaska Sanders". DR

  • Joël Dicker. ANOUSH ABRAR

GHI : Dans ce nouvel opus, on retrouve l’écrivain Marcus Goldman, il vous a manqué?
Joël Dicker:
En commençant ce roman, j’avais envie d’essayer de boucler la boucle, de finir cette trilogie. Après le succès du tome un, j’ai d’abord fait le trois, Le livre des Baltimore. Puis, j’ai eu le sentiment que c’était le moment d’essayer, de voir si cela fonctionnait, dix ans après. Et j’ai immédiatement été très heureux de retrouver Marcus, Perry (ndlr: le sergent Perry Gahalowood) et les autres personnages.

– Vu le succès du premier tome, vous n’avez pas peur que la suite déçoive?
Il y a toujours le trac. L’inquiétude d’avoir monté un projet et qu’il ne soit pas compris. Après si tu ne fais pas quelque chose par peur, tu ne fais plus rien.

– Vous allez aussi retrouver votre lectorat, notamment à travers les séances de dédicaces, vous avez hâte?
C’est hyper particulier parce qu’il n’y a pas eu de tournée pour le dernier roman à cause de la pandémie. Donc cela fait quatre ans que je n’ai pas rencontré mes lecteurs. Qui plus est, en Suisse, ce sera sans les masques, sans rien… C’est fort!

– Ecrire pendant la pandémie, cela a changé quoi?
Pas grand-chose. Je n’ai pas du tout pensé à la pandémie pendant l’écriture. Au contraire, écrire est un moyen d’échapper au monde. Si ce n’est pas au Covid, c’est à autre chose… comme une guerre en Ukraine.

– Echapper au monde, c’est aussi la proposition que vous faites au lecteur?
C’est d’abord ce que je me propose à moi-même. Ce qui m’importe en premier lieu, c’est le plaisir que j’éprouve, moi, durant ces deux ans d’exercice solitaire. Après, si cela peut permettre aussi au lecteur de s’évader, c’est chouette.

– Vous écrivez beaucoup. Ce roman fait 569 pages!
J’aimerais écrire plus court (sourires). Mais, j’aime aussi le fait d’installer un univers, de prendre le temps dans un monde où l’on est toujours pressé. Le temps est un luxe qui me plaît en tant que lecteur et en tant qu’auteur.

– Sur le fond, il s’agit d’une nouvelle enquête que mènent l’écrivain et le sergent. Vous auriez aimé être policier?
J’aurais pu. Mais, je n’ai pas de regret. D’autant que j’ai passé l’âge. J’ai fait plein de trucs dans ma vie. J’aurais voulu être musicien, avocat… Cette vie de flic, je la vis un peu par procuration à travers Perry.

– D’où vient cette passion de l’enquête?
C’est la curiosité qu’on a un peu tous en nous. Celle de se demander ce qui se passe. C’est une curiosité liée à la créativité. (Une sirène retentit) Une voiture de police vient de passer, ça évoque des choses. Cela déclenche quelque chose en moi. Où va-t-elle? Que fait-elle? Ça ouvre des perspectives. C’est le début d’une histoire.

Côté édition, il s’agit de votre premier ouvrage avec votre propre société d'édition. Pourquoi ce choix?
Après la mort de Bernard (ndlr: l’éditeur Bernard de Fallois), je savais que sa maison d’édition ne durerait pas. Et qu’il fallait que je trouve une nouvelle route. J’ai ce côté entrepreneur. J’aime mettre les mains dans le cambouis. Créer ma maison d’édition, c'était la suite logique.

Pourquoi ce nom de Rosie et Wolfe?
Rosie, alias Rosina, est la personne qui a éveillé ma curiosité de lecteur. Quant à Wolfe, il s’agit de mon grand-père, un des premiers écrivains que j’ai connu. J’ai vu son manuscrit chez lui lorsque j’avais 9 ans et cela m’a donné l'envie d’écrire.

Pourquoi avoir choisi le loup? Et pas l’ours, alors qu’il y en a un dans le roman?
J’aime le loup, c’est mon animal totem. Cela aurait pu s’appeler le loup et l’ours, mais cela aurait fait un peu trop “gazette des animaux” (ndlr: ainsi s’intitulait la revue qu’il a fondée à l'âge de dix ans).

«L’affaire Alaska Sanders» sort le 3 mars en Suisse.