«Ma fille, qui vit avec ses cinq enfants au chemin de Pont-Céard, doit parcourir plusieurs centaines de mètres pour aller jeter ses poubelles. Ce qui se passe à Versoix est scandaleux!», s’exclame dépité Mathias, un retraité genevois. A l’origine de cette grogne, la décision de la commune lacustre de supprimer la levée des déchets en porte-à-porte.
Désormais, les riverains sont contraints de se rendre eux-mêmes dans des «éco-points» installés sur tout le territoire de la commune. A l’image du système mis en place par Cartigny en 2000 déjà (lire ci- dessous). Un choix économique qui fâche plusieurs versoisiens, à l’image de Suzanne, qui traîne derrière elle un grand sac-poubelle plein. «J’ai 77 ans et mal au dos. Mais je me retrouve à essayer de porter mon sac de déchets toute seule pendant 10 minutes. Et puis j’aimais voir passer le camion le matin. C’est triste que ça n’existe plus», lâche-t-elle.
Une cinquantaine d’«éco-points»
«Cette décision du Conseil administratif prise il y a cinq ans est synonyme d’un véritable changement de mentalité. Il faut s’adapter», répond Marc Sanguinetti, technicien communal en charge de la gestion des déchets. Pour plusieurs raisons. «La nouvelle approche permettra de réaliser des économies en matière de transport et de traitement des déchets, en augmentant les quantités recyclées», estime le responsable.
Moins de poids lourds
Pour cela, un important investissement a été réalisé par la commune. Une cinquantaine de points de collecte, des containers enterrés, ont été installés sur tout le territoire de la commune. «Auparavant, le ramassage engendrait une circulation de poids lourds, qui effectuaient environ 520 arrêts dans Versoix. Désormais ce trafic a nettement diminué», détaille Marc Sanguinetti.
Mais comment faire si on a de la peine à se déplacer? «Nous avons tout fait pour limiter les déplacements à moins de cinq minutes entre un logement et un éco-point», assure le technicien communal. Une attention particulière a également été portée au trajet à effectuer, de sorte à ne pas devoir traverser de rue par exemple.
Et pour les autres? «Il est possible de s’adresser à la commune pour trouver une solution. Pour l’instant, très peu de demandes nous sont parvenues», relate-t-il.
Pas de quoi convaincre Mathias, obligé de se rendre à Versoix chaque semaine pour aider sa fille. «Comme la commune n’assume plus une de ses tâches, nous devrions avoir une réduction d’impôt», suggère-t-il.