Une goutte d'eau pour les ultra-riches
Thomas Wenger, député PS
OUI • Genève héberge 85’800 millionnaires et 15 milliardaires. Tandis que 70’000 Genevois(e)s bénéficient de prestations sociales et 140’000 reçoivent des subsides d’assurance maladie. Genève est le canton le plus inégalitaire de Suisse. L’initiative prévoit un impôt temporaire de solidarité de 0.5% sur les fortunes qui dépassent 3 millions. Elle introduit également le triplement des déductions sociales permettant ainsi d’épargner les petit(e)s propriétaires et les artisan(e)s.
Depuis plusieurs années aux Etats-Unis et ailleurs, des voix d’ultra-riches s’élèvent pour demander aux politiques de les taxer davantage. «Taxez-nous plus»; c’est l’appel de ces milliardaires qui ajoutent: «Les Etats-Unis ont la responsabilité morale, éthique et économique d’imposer plus lourdement notre fortune.»
Les ultra-riches paient déjà beaucoup d’impôts mais proportionnellement à leur patrimoine, ils peuvent contribuer davantage. On entend déjà la réponse de la droite: si leurs impôts augmentent, ils partiront. Prenons le pari qu’ils resteront et feront ce petit effort de solidarité. Avec l’initiative, l’augmentation d’impôt serait de 10’000 fr. pour une personne seule ayant une fortune de 5 millions. Une contribution presque indolore mais qui rapporterait 200 millions aux collectivités publiques qui pourraient ainsi aider les personnes qui ont vu fondre leur pouvoir d’achat et n’arrivent plus à faire face à leurs factures.
Une pénalité pour les entrepreneurs
Isabelle Harsch, CEO Henri Harsch HH SA
NON • Contrairement à son titre mensonger cette initiative ne vise pas exclusivement les grandes fortunes, mais touchera aussi beaucoup d’entrepreneurs propriétaires de leur entreprise. Qu’on ne se méprenne pas: je suis favorable à l’impôt et mesure la chance d’en payer. Je suis consciente que la redistribution des richesses constitue le ciment de notre démocratie et de la paix sociale. Mais il faut veiller à garder une charge fiscale équilibrée qui ne rende pas rédhibitoire le fait de générer de la valeur à Genève. Rappelons d’abord le cumul d’impôts pour les personnes physiques en Suisse: l’impôt sur les revenus, sur la fortune, sur les dividendes! En tant qu’entrepreneure, ce qui m’anime, c’est de développer mon entreprise, trouver des nouveaux marchés, créer des emplois. Pour cela, il faut avoir un bilan solide, suffisamment doté en fonds propres et réaliser des bénéfices. Or, plus l’entreprise génère de bénéfices, plus l’entrepreneur va payer un impôt élevé sur sa fortune. Le problème est que cette valeur de l’entreprise est théorique: ce n’est pas du cash sur un compte en banque, dont on pourrait prélever une partie, il s’agit d’une valeur immobilisée… Il n’est pas toujours simple de s’acquitter de cet impôt décorrélé de nos revenus. Il faut rejeter cette initiative qui risque de rendre moins attrayant le fait de développer son entreprise.