Consacrer un musée à la félicité? Les pays nordiques revendiquent leur bien-être et leur enviable qualité de vie. Comme ses voisins, le Danemark jouit d’un niveau de sécurité élevé et de services publics parmi les plus performants. On a tôt fait de s’en rendre compte à peine débarqué dans Copenhague, la capitale, où l’on vient d’inaugurer le premier Musée du bonheur. Une visite guidée permet d’examiner ce concept sous différents angles: politique, philosophique et même scientifique.
Pour Meik Wiking, fondateur de l’institution, cette notion si subjective consisterait à «avoir un but dans la vie, de quoi bien boire et bien manger, la compagnie d’êtres qu’on aime, un bon équilibre entre vie professionnelle et vie privée»... Une vision édénique que les visiteurs complètent ou rectifient en ajoutant leur post-it sur un mur qui en affiche déjà des centaines.
Heureuse petite reine
La bicyclette appartient à l’histoire de la capitale danoise. Elle n’a pas attendu les préceptes verts pour envahir les pistes. On dit que sous l’Occupation – à partir de 1943 – les habitants de la ville opposaient aux véhicules allemands un flux de cyclistes continu. Aujourd’hui, ceux qui traversent la cité autrement qu’à bicyclette sont minoritaires. Bien sûr, il y a des automobiles, des autobus et même un métro automatisé, mais les emprunter reviendrait à se priver d’un merveilleux réseau de pistes cyclables où l’on croise toutes sortes de bécanes: celles que l’on dirige bien droit, celles que l’on dirait sorties d’un musée des transports, celles dont l’ingénieux système de démultiplication transmet la belle énergie d’un pilote couché.
Le bonheur dans le pré?
Dans cette nation où un certain égalitarisme préviendrait les jalousies, on a même inventé le terme de hygge, sorte de réconfort universel aussi perceptible en milieu rural. Si les espaces naturels danois peuvent rappeler certains paysages suisses, ils font plutôt rêver aux forêts qui environnent le vaste domaine des lacs canadiens.
L’ethnologue Léon de Rosny s’en émerveillait déjà en 1873: «Le pin, roi des forêts septentrionales, se montre dans toute sa vigueur. Au milieu se détache la pâleur de quelques bouleaux clairsemés.»
A Rønnede, au domaine de Camp Adventure, une impressionnante tour d’observation permet de contempler de très haut cette belle nature.