«Sono del Cilento e me vanto.» Je viens du Cilento et j’en suis fier. Telle est la devise des habitants de ce parc national, terre de mythes, protégé par l’Unesco depuis 2010 en tant que patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Située au sud de la célébrissime Costiera amalfitana, la Costiera cilentana n’a rien à lui envier. De là démarrera mi-avril un projet d’ampleur nationale pour la promotion de la mobilité douce et du développement touristique lié au bien-être psychosomatique à travers des activités sur ce territoire encore méconnu même des Italiens. La célèbre émission nationale, Linea Verde, qui raconte les excellences du pays, a tourné début mars des images de villages dont les us et coutumes sont encore inspirés de traditions séculaires. Fournil public, fontaine communale pour y laver le linge, il y souffle un vent hors du temps.
Un patrimoine protégé
Virgile mentionnait le Cilento dans l’Enéide (écrite entre 29 et 19 av. J.-C.), précisément Palinuro, qui tire son nom du timonier d’Enée fuyant Troie avec sa flotte. Les couchers de soleil au large de ce cap avaient attiré, dans les années 70, le Club Méditerranée, qui avait dû fermer, dit-on, sous l’impulsion des habitants de la région. Ils ne souhaitaient pas que leurs plages soient envahies par le tourisme de masse. Depuis que les lidos tenus par des locaux s’y installent en été, les camping-cars aux plaques britanniques ou allemandes ont disparu. Le patrimoine est protégé.
Entre terre et mer, le Cilento regorge de lieux antiques de la Magna Grecia, par son histoire d’appartenance au royaume des Deux-Siciles et aux influences arabisantes ou normandes. Le mont Bulgheria (1125 m), laisse entendre que la venue du prince bulgare Kahn Alezco dans le village du même nom, Celle di Bulgheria, a aussi fait germer d’autres influences sur la région déjà bien éclectique. On trouve également un cimetière étrusque dans l’ancien fief médiéval de Rocca Gloriosa, village perché sur une colline dominant le fleuve Mingardo d’un côté et le golfe de Policastro de l’autre.
Terre fertile
Lieu de pèlerinages, au mont Velia par exemple, ce territoire raconte les apparitions de la Madonne qui garde encore aujourd’hui un œil protecteur sur ses fidèles lors de processions dans les villages pratiquant les anciennes traditions des neuvaines. Le culte de la Vierge se répercute sur un état d’esprit, inclus dans la manière de vivre, de cultiver la terre et de se soigner.
On rend grâce pour la végétation unique au monde, c’est en effet de la Commune de Pioppi que vient la recommandée dieta mediterranea (régime méditerranéen) pour ses verdures au cœur desquelles on a trouvé l’élixir de jeunesse. La longévité des habitants est en effet notable. Les cultures d’oliviers, les figues de Barbarie, les grenades et les traditions culinaires regorgent d’influences maures, ottomanes, grecques ou romaines. La pêche au filet qui n’abîme pas les sardines, dite alla menaica, est une pratique ancestrale locale. Manger le mulignane ‘mbuttunate, aubergines farcies au fromage de chèvre typique et mie de pain, spécialité du coin, relève, pour les Cilentani, du véritable amour.