Bien sûr, il faut avouer que les portes de l’Algérie ne s’ouvrent pas encore toutes. Mais Alger vit pleinement, sa jeunesse chante et danse comme chez nous. Elle court le long des plages et se rue vers les lieux d’activités artistiques. Elle sourit à la vie recommencée après tant d’années noires. Et elle nous prend au cœur.
Du jardin à la Grande Poste
Les visiteurs qui découvrent le centre de la capitale algérienne sont frappés par cette blancheur que l’on n’imagine même pas en rêve, avec tellement d’espaces pour respirer malgré une circulation parfois impossible aux heures de pointe ou dans les ruelles du quartier populaire de Bab el Oued, «porte de la Rivière».
Nous sommes au milieu de 8000 espèces d’arbres au Jardin d’essai du Hamma, ce quartier entre Méditerranée et collines, avant de prendre le funiculaire pour le Mémorial du Martyr qui surplombe la ville.
Mais nous n’avons rien vu. Alors, il faut redescendre en ville. Là, même s’il n’est pas besoin d’acheter des timbres pour les cartes postales, il faut entrer dans la Grande Poste pour un moment de bonheur architectural.
Continuons le chemin même si, la prochaine fois, Sœur Gertrud ne vous donnera peut-être plus de conseils personnalisés ni ne vous vendra de cartes postales à Notre-Dame d’Afrique, cette basilique si chère à tous les Algérois. Native de Lucerne, elle sera revenue au pays prendre sa retraite du côté de Fribourg.
Les senteurs de Tipasa
Et si le charme de la région passait par Tipasa, à une soixantaine de kilomètres d’Alger! Tipasa la méditerranéenne, vieux port de pêche et plage entre les rochers. Site antique également, fondation punique d’abord, occupé par Rome ensuite. La grande nécropole voisine avec les thermes, le théâtre et la villa des Fresques avec la mosaïque de sa salle à manger. Mais il y avait aussi une salaison de poisson et un atelier de fabrication du garum, cette sauce à base de poisson.
Ce jour-là, le chanteur suisse Bastian Baker savourait l’Algérie, debout sur un promontoire, au-dessus du vide, comme prêt à plonger dans les eaux de Tipasa. Il est venu dans le cadre du vol inaugural de Swiss Genève-Alger. La veille, il avait chanté avec son groupe dans le centre commercial Bab Ezzouar d’Alger, très ému de voir que les Algérois connaissaient toutes les paroles de ses chansons.
Peut-être s’est-il rappelé alors les mots gravés sur la stèle d’Albert Camus, des mots tirés de ses si belles Noces à Tipasa. «Je comprends ici ce qu’on appelle gloire, le droit d’aimer sans mesure.»