Interpellé sur son soutien à la production cinématographique en Suisse, le Conseil national a récemment refusé un crédit de 4,5 millions de francs à James Bond, qui s’est alors adressé à la concurrence autrichienne pour le tournage de quelques scènes d’altitude. Rien de tel, pourtant, qu’un bon vieux blockbuster pour doper l’essor d’une région touristique. Le Mexique l’a bien compris, qui aurait octroyé une enveloppe de 13 millions de dollars – un record – aux producteurs de Spectre, en salles le 11 novembre prochain. Contrepartie: le film devra renvoyer une image positive du pays. Le traditionnel méchant ne devra pas être Mexicain, une actrice du pays fera partie des James Bond girls et une scène sera tournée pendant la photogénique Fête des Morts.
L’effet James Bond
Quarante ans après la sortie d’Au service secret de Sa Majesté, le site helvétique du Schilthorn – rebaptisé Piz Gloria par les scénaristes –, bénéficie encore de l’effet 007. L’établissement implanté au sommet avait été partiellement financé par les producteurs britanniques, contre utilisation exclusive pendant la durée du tournage.
En Thaïlande, depuis L’homme au pistolet d’or, les habitants de Ko Khao Phing Kan appellent leur petit paradis l’île James Bond, en orientant les fans de Roger Moore vers le mythique piton rocheux de Ko Tapu.
Boon, promoteur du Nord
En France, les régions subventionnent volontiers le cinéma, misant sur les retombées économiques liées au tournage. Au vu des essaims de touristes attirés par Bienvenue chez les Ch’tis, la région Nord-Pas de Calais ne doit pas regretter son investissement de 900’000 euros (soit environ 8% du budget). A Paris, on suit les traces d’Amélie Poulain, comme à Londres celles du très lucratif Harry Potter.
Par leur lumière et leur climat, les vastes étendues semi-désertiques d’Espagne ont vite attiré le 7e art. Glorieuse au bon vieux temps des westerns spaghetti, Almeria fait aujourd’hui figure de star déchue, même si le pèlerinage dans les vestiges de Pour une poignée de dollars et autre Il était une fois dans l’Ouest rapporte encore quelques devises à l’Andalousie.
Le vent du succès semble bien souffler aujourd’hui sur l’Afrique du Nord. Etrange sensation que de voir surgir – à Ouarzazate, au milieu de nulle part –, le pharaonique palais de Cléopâtre, quasiment aussi frais que lorsqu’Alain Chabat y convia Astérix. Sur l’autre face de ces gabarits recouverts de staff, c’est le temple tibétain de Kundun qui apparaît, comme un clin d’œil de Scorsese!