«Nous venons chercher ici une montagne encore épargnée par le bétonnage. Ce n’est pas pour rien que cet endroit a gagné son surnom de Petit Tibet!», déclare Myriam, Genevoise passionnée de randonnée. «Pour être juste, complète son mari Gérard, ma femme aime aussi les boutiques; on profite ici du statut particulier de la commune !»
Effectivement, Livigno est exemptée de certaines taxes et de la TVA. Elle doit ce statut particulier à l’isolement qui, durant des siècles, la coupait du reste du monde en saison hivernale (aujourd’hui encore, le col de Foscagno constitue son seul accès routier au territoire italien). Ajouté au taux de l’euro, ce privilège explique sans doute la présence de nombreux Suisses dans les ruelles hyper léchées de cet éden généreusement fleuri. Mais pas seulement. Le contraste est grand entre l’atmosphère jeune et familiale de la bourgade et la population sénescente de certaines voisines helvétiques. Sans parler des récents investissements consentis dans l’hôtellerie pour son maintien à niveau et le développement des offres de loisirs (mountain bike, wellness, équitation, golf, activités sur le petit lac, etc.) Résultat: des essaims de têtes blondes, s’égayant tous azimuts.
Assiette gourmande
L’attribution d’une étoile Michelin est toujours l’indice d’une offre distinguée. A Livigno, elle ne fait pas que saluer la qualité d’une bonne table locale. Elle démontre aussi que la région a su tirer le meilleur parti d’un terroir à la rusticité autrefois décriée. Que pouvait-on bien attendre d’une enclave condamnée à l’autosuffisance et à des produits aussi basiques que les laitages, la farine, les herbes et la polenta? De ces contraintes, les fins becs soulignent désormais les avantages. Ils énumèrent en souriant les centenaires de la vallée, préservés de toute obésité. Cantonnée aux produits de la chasse, la consommation carnée s’avère ici bien moins malsaine que dans les grandes villes. Les chefs contemporains ne manquent pas d’imagination pour développer de nouvelles recettes faisant la part belle aux saveurs d’altitude. Leurs créations se différencient subtilement de la classique tradition italienne. Un bel ouvrage collectif – recueil de recettes – vient d’ailleurs de leur être consacré.
Le niveau gastronomique ne fait pas tout. Chacun sait que derrière une bonne cuisine, il faut une bonne salle à manger. Là aussi, Livigno suscite l’étonnement par le niveau de son accueil et de son service. Un exemple à suivre de ce côté-ci des Alpes? www.pichonvoyageur.ch