Il est moins de 7 heures en ce matin de début mai. Le soleil rougeoie en quittant sa couverture made in Grande Bleue. La Méditerranée est calme. Dans sa passerelle de seul maître à bord après Dieu, le commandant Sergey Utitsyn déguste peut-être déjà sa troisième tasse de thé. Dans deux heures, sa Lady – comme il aime à nommer le Royal Clipper qui n’a rien d’un «boat» – accostera dans le port de Mahon, à Minorque (Baléares).
La Lady existe bien. Impossible de ne pas immortaliser cette figure de proue inspirée de Marie, fille de Mikael Krafft, propriétaire du groupe Star Clippers et véritable amant de la… mer. Lorsqu’il a décidé de construire, sur l’idée des clippers d’autrefois, le Star Flyer – un quatre-mâts premier de la lignée lancé en 1991 – personne n’avait tenté une telle aventure depuis près de 100 ans!
Un voyage en soi
Sur le pont, Captain Sergey sourit. Il sait que les grands voiliers de croisière sont un voyage en soi, une émotion forte. Mais comme ils accueillent des passagers (227 maximum sur celui-ci, et 105 membres d’équipage), ils doivent jouer en permanence entre les possibilités offertes par les vents et… les souhaits de confort des passagers, dont 80% sont des fidèles. Le reste s’apparente à de la magie parce qu’il y a des marins équilibristes dans les mâts, du vent dans les voiles et que ça les rend plus belles encore.
On en oublierait les balades en escale, la qualité des repas, la joie de vivre de Bernadeth qui vous invite au spa dont les hublots permettent de regarder sous le niveau de la mer, ou de Lidija, la directrice (suisse) de croisière qui veille à tout en permanence. Ce sera l’organisation d’une excursion à vélo pour six personnes ou d’un anniversaire.
Grimper au mât
Pas d’escale demain, mais les volontaires pourront grimper au mât dans l’après-midi puisque le temps le permettra. Vers 18h, nous entrerons dans les Bouches de Bonifacio, détroit international entre Corse et Sardaigne pour atteindre Civitavecchia le samedi matin avant, peut-être, un week-end à Rome.
D’autres passagers prendront la relève sur le pont, une flûte de champagne ou le cocktail du jour à la main. Sur le quai, nul ne rate le départ du géant de 134 mètres de long dont une partie des 5050 mètres carrés de voiles apparaît peu à peu, comme un lever de rideau. Les passagers ne parlent plus. Ils admirent les marins qui tricotent avec des winches et des kilomètres de cordages. Une musique gonfle les voiles comme à chaque départ. Celle de Vangelis et du film 1492 Christophe Colomb…