La veille du retour, quelques mots écrits sur un carnet au fil des jours reviennent en mémoire, comme kousouzangpo (bonjour) en ajoutant le la de politesse. D’autres aussi que nous garderons… pour le cœur. Plus précisément, c’était le lundi 17 mars de cette année. Il faisait beau. Depuis la vallée de Paro, la montée vers le monastère de Taktsang, la Tanière du Tigre, se mérite. Elle n’est pas de tout repos, mais accessible.
Les fameux phallus sacrés
Alors, tout ce que nous avons vu du Bhoutan défile dans la tête comme une aide pour accepter les interminables lacets du sentier. A commencer par les surprenants phallus sacrés qui ornent les murs des maisons et protègent contre le mauvais œil! Dans le temple de Chimi Lakhang, également nommé temple de la Fertilité, un moine vous bénira la tête avec… un pénis en bois.
Depuis les hauteurs de l’hôtel Nak-Sel à Paro, se profile le Jomolhori (7325 m.), tout de blanc vêtu. C’est le deuxième plus haut sommet du Bhoutan, derrière le Gangkhar Puensum (7570 m.), aperçu quelques jours plus tôt depuis le col du Dochula. C’était en revenant de la vallée de Phobjika et du village de Gangtey.
Le dzong (monastère-forteresse) de Tongsa est aussi imposant qu’on le supposait. Les villages se succèdent, les visages qui sourient aussi, même au plus dur des travaux des champs. Mais la musique revient, et les danses aussi.
Nous sommes à Punakha, à la confluence des rivières Mo et Pho. Dans le dzong, se déroule le Punakha Tschechu. Il s’agit du festival de danses masquées, rituel des dieux et démons de la mythologie bouddhique, avec les plus beaux costumes, les plus belles couleurs, des tambours, des trompes, des cymbales, des chants, des danses.
Une marcheuse pas comme les autres
Mais c’est enfin l’heure où l’on aperçoit – presque à le toucher – ce monastère blotti dans la roche à 1000 mètres au-dessus de la vallée. Il faudra pourtant descendre encore 500 marches et en remonter 300 avant de toucher au but.
Au retour, nous croisons une marcheuse pas comme les autres. Elle a le pied montagnard, la grâce et la forme… olympique. Elle s’arrête près de nous quelques instants, demande d’où l’on vient, ce que nous avons visité au Bhoutan, si l’on a aimé le pays. Elle ne cache pas qu’elle aimerait tellement voir Genève et… goûter le chocolat suisse! Puis elle prendra congé et poursuivra l’ascension à vive allure. C’est un rêve qui passe. Dans ce dernier royaume himalayen, on l’appelle Ashi (titre de noblesse royale) Jetsun Pema. Elle est reine du Bhoutan.