Au carrefour de la Bretagne, de l’Anjou et du Poitou, Clisson aurait pu se contenter de son passé si riche puis si dévasté par les guerres de Vendée qui n’ont laissé qu’un champ de ruines. Sise à dix lieues de Nantes, cette petite ville de 7000 habitants offre la fausse douceur que laisse paraître un caractère bien trempé, signe peut-être de la force intérieure procurée par les cicatrices de l’Histoire.
Clisson n’entend pas se la couler douce sous prétexte de l’essor touristique ou parce qu’elle règne dans sa vallée en profitant de ses rivières, de son patrimoine architectural, de son vignoble au mono-cépage de melon de Bourgogne, plus connu sous le nom de… muscadet. A noter que les vins des producteurs se dégustent à l’Office de tourisme, qui organise aussi les visites dans le vignoble.
Deux rives et deux visages
En entrant dans la ville, chacun découvre son image médiévale avec ses halles du XVe siècle et le château qui a vu naître Olivier V de Clisson, connétable de France et compagnon d’armes de Du Guesclin. François II, duc de Bretagne et père de la fameuse Anne de Bretagne, y a vécu.
Mais l’image de la ville ne se contente pas de ce château très visité et apprécié du public. Il y a un plus, de l’autre côté du pont de la Vallée. Nous entrons dans un autre monde, un autre décor, en Toscane, grâce à la passion pour l’Italie des frères Pierre et François Cacault et du sculpteur de Napoléon, François-Frédéric Lemot.
L’ancienne réserve de chasse de la Garenne devient un rêve de Toscane que l’on vit en se promenant dans le magnifique parc orné d’arbres et de statues ou sur la terrasse qui domine la Sèvre nantaise et le Clisson médiéval.
La ville se lâche en juin et propose un autre regard lorsque se profile le festival Hellfest (voir encadré) qui ne l’entraîne nullement en enfer mais l’envahit au contraire de subtiles attentions quand les métalleux – pardon, les festivaliers – participent à la vie locale, logent souvent chez l’habitant, achètent des gourmandises à la Fraiserie ou finissent leur eau gazeuse (bon, d’accord, une bière de temps à autre).
Et puis, il y a quelque chose de très particulier à découvrir, à encourager, à aimer. Quelque chose qui ressemble à une main tendue vers l’humanité. Parmi tous les trésors de la ville, l’un se cache – non, se vit – au numéro 1 de la rue Basse-des-Halles. Il s’agit de La Très Petite Librairie, de Laurence Neveu, qui vaut peut-être à elle seule le voyage à Clisson.